CONVOIS N ° 55 et N° 57 partis de Drancyle 23 JUIN 1943et le 18 JUILLET 1943

Ces convois comprenaient, le premier 1018 personnes, le second 1000 personnes: seules 113 ont survécu. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvaient :

Lise JACOBSOHN, épouse KWASS, née le 5 janvier 1876 à Vilna en Lituanie, naturalisée française. Elle résidait à I' Ile-aux-Moines. Elle avait 57 ans.

Henri MARX, né le 27 janvier 1897 à l' Ile-aux-Moines de nationalité française . Il était arrêté le 20 mars 1943, détenu à Vannes puis transféré à Drancy le 30 mars . Il avait 46 ans.

 

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CONVOI N ° 67 parti de Drancyle 3 FEVRIER 1944

Ce convoi comprenait au moins 1214 personnes: seules 26 ont survécu. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvait :

Lazare CORN, né le 23 septembre 1912 à Paris, de nationalité française. Réfugié à Noyal-Muzillac avec son épouse, il y fut recensé en octobre 1940. Il avait quitté le Morbihan avant le 31 août 1942.Il aurait été arrêté à Lyon le 3 février 1944. Il avait 32 ans.

 

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CONVOI N ° 68 parti de Drancy le 10 FEVRIER 1944

Ce convoi comprenait au moins 1500 personnes: seules 52 ont survécu dont Rachel BENZON, née le 3 décembre 1913 à Constantinople. Elle résidait à Port-Maria en Quiberon et avait été arrêtée lors de la rafle des 4 et 5 janvier 1944.Selon Roger Le Roux, à l’arrivée à Auschwitz, le 13 février , les allemands auraient sélectionné pour le travail dans le camp 61 femmes et 210 hommes, les autres victimes dont plus de 200 jeunes gens de moins de 18 ans étaient immédiatement envoyées à la chambre à gaz. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvaient :

Joseph ADATO, né le 28 octobre 1920 en Turquie. Il résidait à Guilliers où il a été arrêté lors de la rafle du 5 janvier 1944. Il avait 23 ans.
Anthony FLEUR, né le 2 octobre 1876 à Besançon, de nationalité française. Il résidait à Quiberon où il était arrêté lors de la rafle du 5 janvier 1944. Il avait 67 ans.

Léa MORHARM, épouse COHEN (Lucie) , née, le 13 décembre 1889 à Constantinople. Résidant à Vannes où elle était arrêtée lors de la rafle du 5 janvier 1944. Elle avait 58 ans.

Lucienne OKRENT épouse SEGAL, née le 1er septembre 1906 à Cracovie en Pologne naturalisée française. Elle avait quitté Paris avec sa fille Liliane née le 1er août 1934 au moment des rafles de l'été 1942 pour se réfugier chez sa soeur Gisèle ROSENBAUM qui tenait un magasin de fourrures, “Au tigre Royal”, à Lorient. Les bombardements de 1943 sur Lorient les contraignaient à réfugier à Plouay, à l'hôtel Bevan puis à l'hôtel du Scorff à Guéméné sur Scorff. Liliane était inscrite à l'école primaire où elle se faisait rapidement des camarades... Le 4 janvier 1944, après avoir consulté le registre des cartes d'alimentation de la mairie de Guéméné, les Allemands faisaient irruption en pleine classe. Devant les fillettes terrorisées, ils réclamaient Liliane SEGAL et l'emmenaient sur le champ. Quelque temps plus tard, la maîtresse de cours moyen recevait une lettre qu'elle lisait en classe. Elle émanait de Liliane qui embrassait toutes ses petites camarades avant de disparaître à jamais. Une lettre expédiée probablement de la maison d'arrêt de Vannes où toutes les personnes prises dans la rafle du 4 janvier étaient restées près d'un mois... Lucienne SEGAL avait 37 ans, la petite Liliane n’avait pas 10 ans quand elles ont été arrêtées puis déportées le 10 février 1944.

Abram MARKOWICZ, né le 18 juillet 1887 à Piotrkow en Pologne, naturalisé français. Il résidait à Lorient, puis se réfugiait à Vannes. Pris dans la rafle des 4 et 5 janvier 1944 en Bretagne. Il avait 56 ans.

Paul PARIS, né le 24 avril 1886 à Gérardmer de nationalité française. Il résidait à Carnac. Il avait 58 ans.

Ida GRINSPAN, née à Paris en 1929, réfugiée dans le Poitou, faisait aussi partie de ce convoi N° 68. Voici des extraits de son témoignage :
« Le 10 février 1944, la police l'a conduite, en autobus, à la gare de Bobigny où elle est livrée aux Allemands. Là, dans un wagon à bestiaux, de la paille, un petit bidon d'eau, un baquet en guise de tinettes, le voyage dure 3 jours et 3 nuits. Ils sont 60 à 80 par wagon plombé avec une lucarne. L'eau a manqué, la tinette a débordé, la puanteur est le pire de ses souvenirs de déportation. Des adultes ont mis des couvertures pour faire une séparation. Le train a stoppé le 13 février 1944. Partis le jeudi, ils sont arrivés le dimanche matin. Tous ont poussé un soupir de soulagement. Enfin, on arrive. On a déplombé les wagons, et ce sont les cris, les hurlements des SS, les aboiements des chiens. Raus Schnell. Ida est favorisée parce que ses parents parlaient le yiddish. Quand on ne comprenait pas, on était battu. Ils ont sauté des wagons, dans la neige. On leur a demandé de tout abandonner. Et les provisions données par sa nourrice pour sa mère ? Un SS se tient à la tête de la file des déportés, avec une badine. Les hommes à gauche, les femmes et les enfants à droite. "Ceux qui sont fatigués montent dans des camions, ceux qui peuvent marcher, vous restez là". Les familles sont séparées. Ida a suivi deux jeunes filles. Elle s'est placée sur le côté et a échappé par miracle à la sélection, grâce à sa coiffure à houppette qui la grandissait et à sa bonne mine de "campagnarde". Le SS n'a rien demandé. S'il avait demandé son âge...»

Le commandant d'Auschwitz, le S.S. Rudolf HOESS, a raconté lui-même, avec un incroyable cynisme, les scènes auxquelles il assista lors des sélections à l’arrivée au camp :« Nombreuses étaient les femmes qui cherchaient à cacher leur nourrisson dans les amas de vêtements. Mais les hommes du commando spécial veillaient et parvenaient à convaincre les mères de ne pas se séparer de leurs enfants (...). Dans cette ambiance inhabituelle, les enfants en bas âge se mettaient généralement à pleurnicher. Mais après avoir été consolés par leur mère ou par les hommes du commando, ils se calmaient et s'en allaient vers les chambres à gaz en jouant, ou en se taquinant, un joujou dans les bras. J'ai parfois observé des femmes déjà conscientes de leur destin qui, une peur mortelle dans le regard, retrouvaient encore la force de plaisanter avec leurs enfants et de les rassurer. L'une d'elles s'approcha de moi en passant et chuchota en me montrant ses quatre enfants qui se tenaient gentiment par la main pour aider le plus petit à avancer sur un terrain difficile : « Comment pouvez-vous prendre la décision de tuer ces beaux petits enfants ? Vous n'avez donc pas de cœur ? »

 

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Quelques éléments de réflexion sur la déportation des Juifs de France :

Après le premier convoi transportant 1112 juifs, parti le 27 mars 1942 du Camp de Royallieu à Compiègne, quelques 74 transports allaient se succéder jusqu’au dernier convoi qui quittait Drancy vers Buchenwald le 17 août 1944, soit au total 43 convois pour la seule année 1942, 17 en 1943 et 14 en 1944. La plupart des convois comprenaient 1000 personnes, les survivants s’élevant à quelques dizaines pour chaque convoi.

De la politique de discrimination raciste de l’Etat français de Pétain,

Selon Robert O.Paxton, Professeur d’histoire à l’Université de Columbia à New York, à l’automne 1940, la politique des autorités du Reich ne recherchait pas l’extermination immédiate des Juifs de France, puisque ces dernières essayaient même d’expulser des juifs allemands, notamment vers notre pays. Cette immigration « forcée » entraînait une protestation vigoureuse de l’Etat français pétainiste qui construisait alors son propre système de discrimination à l’encontre des Juifs avec en octobre1940, le premier statut des juifs définissant ceux-ci comme appartenant à une race. Alors que la France des années 1930 avait été le pays le plus accueillant pour des dizaines de milliers de réfugiés de l’Europe centrale,la politique de Vichy apparaît ainsi non seulement comme une réaction à cette immigration, mais aussi comme une aggravation de l’antisémitisme traditionnel contre des familles juives établies depuis plusieurs générations en France. La loi du 22 juillet 1941 qui décidait l’aryanisation des biens juifs, permettait la vente d’office des entreprises tenues par des Juifs. Selon Roger Le Roux ( page 133 Le Morbihan en Guerre), certains commissaires locaux aux questions juives, notamment à Lorient, mettaient un zèle particulièrement odieux à faire les inventaires et à dépouiller, de ce fait, les familles.

A la complicité de génocide ,
La politique d’extermination nazie se mettait en place dès décembre 1941. Lors de la Conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, la «solution finale de la question juive » était planifiée, l’extermination sauvage par fusillades ou gazage dans des camions, telle que mise en oeuvre par les Einsatzkommando .dans l’Est de l’Europe en 1940 et 1941 étant jugée par les nazis comme peu efficace et traumatisante pour les exécutants.......... A partir du printemps 1942 s’organisait la déportation vers les centres de mise à mort de l’Est, principalement Auschwitz, avec l’aide des autorités françaises qui ont fourni les fichiers d’adresse et les fonctionnaires pour procéder aux rafles. Le SS Karl Oberg, représentant direct d’Himmler en France, allait supplanter le commandement militaire allemand dans la politique répressive, concernant tant les Juifs que les résistants.

En mai1942,René Bousquet rencontrait Karl Oberg qui lui indiquait que les allemands acceptaient de reprendre « leurs réfugiés ». Ceux-ci d’ailleurs se trouvaient pour la plupart dans des camps d’internement français.

Vichy qui tenait à « se débarrasser des réfugiés en surnombre » , acceptait de coopérer pour réduire le nombre de juifs étrangers sur le sol national. Les 16 et 17 juillet 1942, la police française, avec l’aide de militants du Parti Populaire Français de Doriot, procédait dans Paris à une grande rafle dite "rafle du Vel d'Hiv" et arrêtait 12 884 personnes recensées comme juives. La plupart d'entre elles étaient ensuite internées au camp de Drancy. Le 20 juillet 1942, Eichmann prenait la décision d’organiser les convois d'enfants. Quatre mille enfants juifs rassemblés au camp de Drancy étaient alors déportés vers les chambres à gaz d'Auschwitz. Dans la zone non occupée, sous la responsabilité d’Henry Cado,un des collaborateurs de Bousquet, étaient organisés de grandes rafles,notamment les 26 et 28 août 1942. Des dizaines de milliers de juifs étaient ainsi livrés aux allemands à partir de l’été 1942, Vichy étant un des rares Etats européens à livrer les juifs d’une zone non occupée.

Le 29 décembre 1942, Himmler communiquait à Hitler les résultats du génocide : entre le mois d’août 1942 et la fin novembre 1942, 363 000 juifs avaient été exterminés.

En France, si, pendant l’année 1943, plusieurs préfets refusaient de fournir aux autorités allemandes les listes des juifs français, après l’entrée au gouvernement, en décembre 1943, de Joseph Darnand, chef de la milice, les derniers obstacles opposés par quelques hauts fonctionnaires français étaient levés.Le 25 janvier 1944, l’ordre était donné à tous les préfets de communiquer aux autorités allemandes les listes des juifs étrangers et français.

De la France entière, selon Serge Klarsfeld , 75 721 juifs ont été déportés, dans le cadre de « la solution finale », avec l’aide de Vichy, soit quelques 24 000 ressortissants français, plus de 50 000 juifs étrangers vivant en France dont 26 000 polonais. Près de 60 % d’entre eux étaient gazés dès leur arrivée à Auschwitz, moins de 4% revenaient en France. Si l’on ajoute les morts des camps d’internement de France ( maladies, conditions d’internements...), le nombre des disparus s’élèverait à 90 000 morts, soit 25 % des juifs de France.

Parmi les 50 personnes, déportées après avoir été recensées comme juives dans le Morbihan, se trouvaient deux fillettes, l’une âgée de 10 ans : Liliane Segal, la seconde âgée de 13 ans: Régine Zwetschkenbaum et trois adolescents, Théodore Eilstein âgé de 16 ans, Frida Hanen et Naschum Zwetschkenbaum âgés de 17 ans.

Survécurent à la déportation Rachel Benzon, Joseph Berdah , né le 5 Novembre 1900 à Tunis, Isidore Cohen, né le 15 janvier 1896 en Syrie, ces deux derniers, époux d’une « aryenne » , déportés à Aurigny, étaient libérés en septembre 1944.

Récapitulatif établi par Katherine Le Port à partir des renseignements contenus dans les listes du Livre Mémorial de la SHOAH ,
ainsi que celles du site
« Mémoire de guerre/ déportation des juifs 56 »? dans l'ouvrage « Notre mémoire, une garantie pour l'avenir » édité par la FNDIRP à l'occasion du cinquantenaire de la Libération de la France et dans l’ouvrage de Roger Le Roux “ Le Morbihan en guerre “

Des témoignages de déportés et un article sur la Rafle du Vel d’Hiv sont également mis en ligne sur notre site «
lesamisdelarésistancedumorbihan» dans les rubriques Déportation et 1942,
P.S si vous constatez des erreurs ou des oublis, si vous pouvez nous donner des informations complémentaires sur les dates et les causes des arrestations de personnes déportées ci-dessus énumérées, merci de prendre contact avec nous à l'adresse mail suivante :
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