Les groupes Front National dans le Morbihan en 1941 et 1942

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Photo ci dessus:

De gauche à droite et de haut en bas se trouvent:


Louis Le Bail, né le 07.05.1921 à Lorient, fusillé le 17.09.1943 au Mont Valérien : 22 ans
Albert Le Bail, né le 08.02.1894 à Lorient, mort en déportation le le 17.09.1943: 51 ans
Jean Primas, né le 17.10.1911 à Lanester, fusillé le 17.09.1943 au Mont Valérien : 32 ans
Joseph Le Nadan, né à Lorient, fusillé le 17.09.1943 à Biard 
François Renault, né le 13.06. 1900 à Ploemeur, mort en déportation le 08.12.1944: 44 ans
Georges Le Sant, né le 17.03.1893 à Lorient,  mort en déportation le 27.11.1943: 50 ans
Etienne Fouillen, né le 12.02.1913 à Lorient,  mort en déportation le 14.01.1944: 31 ans

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La situation des Groupes de résistants membres ou sympathisants du Parti Communiste Français dans le Morbihan après l’invasion de l’URSS le 20 juin 1941.
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En
juillet 1941, un comité clandestin d'organisation du Front national était constitué en zone occupée et lançait un appel à tous les Français pour les inciter à participer à la résistance. Charles Tillon, le futur chef national des F.T.P., était désigné pour diriger, à partir de Nantes l'activité du parti en Bretagne et en Vendée. Toutefois, les exigences de la clandestinité allaient ralentir la mise sur pied d'une organisation de combat. Ainsi, dans le Morbihan, il n’existait aucun groupement attaché aux Partisans ou aux Bataillons de la jeunesse, ni à l'Organisation Spéciale de protection du parti (O.S.)dont les premiers groupes avaient pourtant été constitués en zone occupée dès la fin de 1940. À la fin de 1941, lorsque les deux organismes de combat qui émanaient d'éléments du parti ainsi que du M.O.I.( soit le « Mouvement ouvrier international » ou la « Main d’Oeuvre Immigrée ») fusionnaient avec l'O.S, des groupes armés commençaient à être constitués, groupes qui deviendraient au début de 1942 les Francs-tireurs et Partisans F.T.P.
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Au cours de l'
automne 1941, l'organisation spéciale se mettait en place à Lorient, Lanester et Hennebont. Puis selon les instructions invitant les responsables du parti à former autour d'eux un « Front national », des contacts étaient pris au début de 1942 avec plusieurs syndicats et associations et une section du Front national était officiellement créée à Lorient et Lanester le dimanche 1 mars 1942, sous la direction d’Albert Le Bail( né le 3.02.1894 à Lorient) et de Jean Louis Primas( né le 17.10.1911 à Lanester). Albert Le Bail, était un ouvrier chauffagiste fort connu comme syndicaliste mais aussi comme fondateur, en 1935, de l’Union sportive ouvrière lanestérienne, Jean-Louis Primas, garçon épicier à Lanester, avait combattu en Espagne dans les Brigades Internationales.
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Enfin , le Front national parvenait à s'organiser à l'échelon départemental. En
juin 1942,Emile Le Carrer, alias «Dominique», qui depuis plus de six mois était chef du secteur de Quimperlé de l' Organisation spéciale regagnait le Morbihan à la suite de l'arrestation de ses chefs. Sous le nom de « Max »il allait s'employer à organiser à Bubry et à Quistinic, un groupe d'action, qui deviendrait le groupe Vaillant-Couturier. En même temps, il participait comme « Commissaire aux opérations » à la formation du premier état-major « Front national — F.T.P. » du Morbihan, avec René Le Pessec, alias « Gaston » de Saint Barthélemy, responsable paysan, et Joseph Daniel, alias « Roger », de Lorient.
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La mise en oeuvre de la répression contre les militants du Parti Communiste Français dans le Morbihan
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En 1941:
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Dans le cadre de la politique répressive visant plus particulièrement les militants communistes, politique mise en place par les allemands, avec la complicité du régime de Pétain, des militants connus, étaient arrêtés, après enquête ou sur simple décision préfectorale, comme dangereux pour la sécurité publique :
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Ainsi, le
12 Août 1941 Raymond Hervé, (né le 22 juillet 1908 à Trélazé ( 49) était arrêté par les allemands, sur le cours de Chazelles. Employé au Gaz de France, Raymond Hervédemeurait à Lorient au moment de la déclaration de guerre. Début août 1941, des ouvriers de l’entreprise protestaient contre des sanctions infligées à certains d’entre eux pour négligence dans le travail. Certains adressaient même une pétition au sous préfet pour protester contre ces mesures considérées comme injustifiées.
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Le 8 août,un ouvrier plaçait en court-circuit le moteur de secours de la salle des machines et le mettait hors d'état de fonctionner, acte de sabotage qui était renouvelé le 10 août.La direction de l’usine se plaignait auprès de la police qui entre le12 et le 14 août 1941,arrêtaient deux ouvriers Raymond Hervé et Robert Dhuy, connus pour leur appartenance au Parti Communiste. Un arrêté d’internement était pris à leur encontre. Ils étaient conduits au camp de Choiseul, près d’Angers. Raymond Hervéétait libéré en septembre 1941.
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Mais dès la fin du mois d’
octobre 1941, des gendarmes français venaient à nouveau l’arrêter à son domicile à la demande de Marnitz, chef du S.Dpour le Morbihan et le Finistère, et le remettaient aux allemands. Jugé à Vannes par un conseil de guerre allemand, pour constitution d'une cellule communiste à l'usine à gaz, ainsi que 4 autres militants, Raymond Hervéétait condamné à 5 mois de prison qu’il effectuait à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc, les quatre autres hommes à quatre mois. Raymond Hervén’était pas libéré à l’issue de l’exécution de sa peine, mais déporté comme otage, N° matricule 45661. dans le convoi dit des 45.000, le 6 juillet 1942.Il était transféré le 9 Juillet 1942, sur Birkenau, alors annexe du camp d'Auschwitz, où il décédait le23 septembre 1942.
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Ainsi, les
14 et 15 août 1941, à Quiberon, la gendarmerie locale arrêtait neuf hommes connus pour avoir appartenu au Parti communiste, et qui avaient gardé l’habitude de se rencontrer au café Omnès. Le rapport d’arrestation était transmis à la Kreiskommandantur, qui instruisait l’affaire. Si huit des inculpés étaient relaxés le 28 octobre, en revanche Adolphe Coïc,né le 13.05.1903 au Guilvinec( 29), chez qui un numéro de « L'Humanité » clandestine avait été découvert, était transféré à Vannes et condamné à une peine de prison par le Tribunal militaire allemand. Libéré en août 1942, il était arrêté une seconde fois par les Allemands le 11 décembre 1942.Déporté, il serait mort à Buchenwald, selon Roger Le Roux ( page 164 du livre “ Le Morbihan en guerre”) .
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Etaient également arrêtés par la suite dans le département, pour appartenance au parti communiste ou diffusion de tracts :
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le 26 août
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- Emile Robin, ouvrier à la Direction de l'artillerie navale de Lorient, - Marie Le Fur, institutrice à Hennebont,

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- Florimond Allain et Adolphe Le Noc, ouvriers, Tous étaient dirigés sur le camp d'internement de Choisel.
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le 10 septembre ,
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-Georges Le Sant, chaudronnier à l'arsenal domicilié à Lanveur en Ploemeur. Libéré le 10 juin 1942, il reprenait ses activités clandestines, et était à nouveau arrêté le 12 juillet 1942.

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En Octobre,
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-Lucien Cléret, originaire de Lorient et Lucien Cazillac, originaire de Vannes étaient arrêtés en Octobre 1941 pour avoir diffusé des tracts . Nous ignorons ce qu’ils sont devenus.
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Le 15 novembre, à Landevant, par un gendarme français :
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- Alain Le Lay, né le 22.09.1909 à Plobannalec. Avant la guerre, celui-ci était instituteur, mais il avait été révoqué en 1938. Il était devenu secrétaire juridique à la mairie de Concarneau. Fin 1940, Venise Gosnat, demeurant à Nantes, responsable interrégional du P.C.F pour la Bretagne, avait pris contact avec lui et en 1941, Alain Le Lay était désigné responsable régional du parti communiste pour le Morbihan et le Nord-Finistère. Son rôle était de retrouver la liaison avec des militants partout où le parti était organisé avant la guerre, c'est-à-dire, en ce qui concerne le Morbihan, à Lorient, Vannes, Pontivy, Auray, Lanester, Hennebont, Ploérmel, Lambel-Camors, Quiberon.
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Alain Le Layétait hébergé le plus souvent chez Guillaume Péron, cheminot à Auray, et chez Louis Larnicol, son cousin, instituteur à Berné, qui y avait été déplacé en raison de son activité politique. Alain Le Layétait conduit à Quimper où il était remis aux Allemands qui l’incarcéraient àBrest, à la prison du Bouguen. Puis il était transféré au camp de Compiègne. Déporté dans le convoi parti de Compiègne le 6 juillet 1942,vers Auschwitz ( matricule 45776) il y mourrait dès le4 octobre 1942. ( voir l’article sur les déportés de 1942 sur ce même site)
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En 1942:
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les
18 et 28 janvier 1942, Jean Marca et Henri Conan,cheminots à Auray, militants communistes étaient arrêtés suite à une dénonciation. Condamnés pour détention de tracts, ils étaient fusillés comme otages le 30 avril à Vannes. ( voir l’article qui leur est consacré sur ce même site)
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Développement du Front National notamment sur Lorient et Auray :
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Dès 1941, un groupe de jeunes combattants s’était constitué à Lorient sous la direction d'un ouvrier peintre de vingt ans, Joseph Nadan. Un de ses camarades, Pierre Theuillon, réussissait à louer une pièce dans une maison de la rue Edgar Quineten majeure partie réquisitionnée par les Allemands. Une imprimerie clandestine était installée dans le grenier. On y fabriquait des tracts, distribués principalement à Lorient, Keryado, Lanester et Hennebont mais aussi dans les régions de Bubry, Le Faouêt, Gourin, Guéméné.
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A l'occasion du 14 juillet, il était décidé d'en diffuser pour inviter la population à manifester à des heures et lieux déterminés. Toutefois, un belge qui travaillait pour l'occupant a dû être intrigué par les allées et venues ou entendre fonctionner la machine à écrire et le duplicateur. Sur ses indications les Allemands venaient perquisitionner. Theuillonpouvait se sauver à travers les jardins, mais il était resté une bicyclette qui portait une plaque au nom deFrançois Cornn. Sur ces données qui lui étaient immédiatement transmises, la police judiciaire de Rennes et le commissaire spécial arrêtaient Theuillon et Cornn le 10 juillet 1942.Comme agent de liaison entre le responsable local, Albert Le Bail, et le groupe de Nadan, François Cornnravitaillait en tracts les trois groupes qui venaient d'être constitués

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- à Lanveur avec
François Renault,
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- à Keryado, avec Jean Lucas,

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- et à Lanester, avec François Guillevin.
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Tous ceux avec qui
Cornnavait été en relation, étaient recherchés. Joseph Nadan, Jean-Louis Primas, Louis Le Bail (fils d'Albert)et quelques autres parvenaient se cacher et prenaient le large. Les autres étaient arrêtés, le 11 juillet 1942: Albert Le Bail, Jacques Portillo- Pastheuros, délégué des ouvriers espagnols travaillant à Plouharnel et Carnac, Gilles Le Roux, François Renault, Jean Lucas, François Guillevinainsi que Gilles Dupont, Etienne Fouillen et les frères Gargam.
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A cette époque,
Louis Le Bailétait également en relation avec un groupe de lycéens. Ceux-ci, qui possédaient quelques pistolets et une ou deux carabines, voulaient s’en défaire. Yves Dérédec, commis de l'enregistrement à Quimper, responsable du parti pour la région de Quimper- Lorient devait venir pour récupérer ces armes afin de les remettre à des partisans espagnols. Par ailleurs, Yves Dérédecapprovisionnait Theuillon en tracts ou en stencils tout préparés et lui communiquait les mots d'ordre. Le 12 juillet, il apportait, par la même occasion, 1 700 tracts à diffuser. Quand il descendit du train à la gare de Lorient le 12 juillet, il attendit vainement au rendez-vous. Aussi se rendit-il au domicile de Cornn, 85 rue Louis Roche, où il fut fouillé et arrêté.
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Dans les jours qui suivirent, tandis que
Gabriel Gargam était libéré, étaient incarcérésPierre Le Moëme, Georges Le Sant , Jean Gaté et l'italien Vittorio Roelan. Un commis du trésor de Quimper, André Quiniou, arrêté pour distribution de tracts, voyait son affaire jointe à celle du groupe lorientais, il était transféré à la prison de Lorient. Mal soigné soit du fait d'une appendicite , ou des suites des coups de pieds reçus lors de son interrogatoire à Quimper, André Quinioumourrait à l'hôpital Bodélio le 27août1942.
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La presse des
12 et 13 octobreannonçait la condamnation de 17 inculpés. Les plus durement frappés furent le responsable régional, Yves Dérédec, et le responsable local, Albert Le Bailcondamnés respectivement à 7 ans et 5 ans de travaux forcés. Ils allaient être tous déportés sauf Guillevin qui mourrait à Fontevrault.
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Cornn, Fouillen, Le Bail, Le Roux, Le Sant, Renault et Theuillonmourraient en déportation. Dérédec, Dupont, Joseph Gargam, Le Moëme, Lucas, Portillo-Pastheuros parvenaient à survivre.
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Voici le récit que
Pierre Le Moëmefit de son arrestation dans le supplément N° 384 du Patriote Résistant édité en 1965 pour le 20 ème anniversaire de la libération :
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Notre imprimerie clandestine était installée dans un local réquisitionné par les Allemands rue Edgar Quinet. C’était astucieux mais la police fut renseignée par un mouchard. Les premiers camarades sont arrêtés le 10 juillet. Je ne suis pas averti. Le 13 juillet encore, j’avais fait sauter un observatoire situé sur un blockhaus à Fontaine-Gallec, sur la route de Port Louis. Lorsque je fus appréhendé, sur le lieu de mon travail, je ne fus pas le moins du monde inquiété pour cette action ”.
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Puis, Pierre Le Moëme expliquait sa déportation pour le camp de Mauthasen, le 22 mars 1944,matricule 60.309, son transfert pour le kommando de Loibl-Passoù il y dut participer au percement d’un tunnel à la frontière austro-hongroise. Lorsque le camp fut libéré par les résistants yougoslave,Pierre Le Moëmeintégra le groupe des partisans La Brigade de la Liberté”, mais , vu son état d’épuisement physique, il fallut l’évacuer vers l’Italie pour être hospitalisé, avant de revenir en France.
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A partir du mois de
septembre 1942,les arrestations des membres du groupe se poursuivaient :
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le ler septembre à Lorient
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-Yves Richard, employé des P.T.T.

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Le 11 octobre,

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- Maurice Le Bouhart,coiffeur à Keryado, qui faisait partie du groupe de Le Nadan depuis 1941, et qui avait imprimé des tracts avec Theuillonen juin-juillet,
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Voici le récit que
Maurice Le Bouhartfit de son action dans le supplément N° 384 du Patriote Résistant :
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Certains textes étaient imprimés en allemand. Ni moi, ni mes camarades n’en connaissions le premier mot. Ces tracts étaient destinés aux soldats et marins allemands de la garnison de Lorient. Leur distribution était périlleuse et exigeait beaucoup d’imagination. Ils étaient éparpillés dans les postes de D.C.A d’Hennebont et de Port Louis où s’ennuyaient entre les alertes, les artilleurs de la Wehrmacht. C’est comme cela qu’ils apprenaient des nouvelles de guerre moins réconfortatnes que les versions de la Propagandastafel de Goebbels ”. Puis, Maurice Le Bouhart expliquait sa déportation pour le camp de Buchenwald , le 16 janvier 1944, matricule 41.045, sa participation à la libération du camp le 11 avril 1945 et le serment qu’il prêta alors de poursuivre le combat et de venger ses camarades.
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- les 8, 9 et 15 décembre,
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- Gabriel Gargam. Si ce jeune homme est bien né le 14.10.1924 à Lorient, il aurait fait partie du convoi qui a quitté Compiègne vers Sachsenhausen le 24 janvier 1943.
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Il était affecté à Heinkel, ( N° 58176), transféré à Buchenwald puis à Flossenburg,
il décédait le 25.04.1944, il avait 19 ans.
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- Pierre Le Gal Pierre Le Gal, libéré en juin 1942, sera arrêté à nouveau le 9 décembre 1942 et mourra à Oranienburg.

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- Norbert Thomas.
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Joseph Nadanquant à lui était arrêté dans une rafle à Rochefort / Mer le 4 février 1943 et fusillé le 3 septembre 1943 au camp de Biard près de Poitiers.

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La poursuite des sabotages à Auray et à Lorient:
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En dépit de cette répression,
Jean Papeau, responsable régional, décidait de poursuivre les actions de sabotage . Il organisait le sabotage de la machine qui alimentait en eau le dépôt et la gare d'Auray. Dans la nuit du 27 au 28 août, deux militants, Édouard Hervé, originaire de Nantes, et Léon Jaffré,né le 26 juillet 1909 à Meslan, ajusteur à la SNCF et résidant route de Lorient à Auray, faisaient sauter la station de pompage de la S.N.C.F, à Tréauray, à trois kilomètres d'Auray. Les deux moteurs étaient détruits et le communiqué n° 8 des F.T.P.F. publié dans « France d'Abord » de septembre 1942 constatait à juste titre que « les locos vont désormais à Rennes pour l'eau».
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Dans la même période,
Jean-Louis Primas, revenu à Lorient, et voulant venger ses camarades arrêtés en juillet, organisait dans la nuit du 9 au 10 septembre,trois attentats successivement, contre la permanence du francisme 11, place Alsace-Lorraine, contre celle de la Légion tricolore, 18 rue Maréchal Foch, et, contre le commissariat spécial, 3 rue de Verdun.
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L'immeuble des« Renseignements généraux »subissait des dommages particulièrement sérieux. Dans la nuit du 20 au 21 septembre,accompagné de Louis Le Bail ( né le 7.05.1921 à Lorient), il faisait sauter le poste de sectionnement électrique de Belane en Lanester, près du pont du Bonhomme. Les villes de Port-Louis, et d’Hennebont et les forges de Lochrist étaient privées de courant pendant la matinée et une partie de l'après-midi du 21. Devant la multiplication des sabotages, le gouvernement de Vichy ordonnait des arrestations préventives. Une circulaire du secrétariat général de la Police est envoyée par télégramme le 24 septembre 1942 :
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« Le Parti communiste a donné instructions pour recrudescence des attentats terroristes dans tous départements. Pour éviter que les autorités allemandes prennent des initiatives, mesures inévitablement sévères, et afin d'empêcher tous incidents et assurer maintien ordre, je vous donne délégation pour procéder immédiatement, dans des conditions habituelles, aux internements administratifs de tous les éléments communistes ou suspects de pouvoir participer à menées antinationales —Décisions internements doivent être nombreuses et réalisées au cours de la journée de jeudi. Prière de rendre compte télégraphiquement avant jeudi 20 h... »
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Dans la journée du jeudi
24 septembre, quatre militants connus étaient arrêtés : Bellec et Marcel Tréguier à Hennebont, Lavenot à Vannes, Louis Guiguen à Plouay. Ils étaient dirigés sur le camp de Voves (Eure-et-Loir) où ils étaient internés jusqu'à la fin de la guerre, échappant toutefois à la déportation.
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Ces arrestations ne brisaient pas la déterminations des militants.
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Le samedi
26 septembre, à 17 h 30, Raymond Hervé, avec deux autres camarades s'emparaient de mille francs au bureau de poste de Lanester. Les 3 hommes s'enfuyaient à bicyclette mais Raymond Hervé, pris en chasse par la police, était rejoint à Lorient, place de la gare. Lors de son arrestation, il blessait un gardien de la paix d'un coup de feu.
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Il était porteur, non seulement d'un pistolet automatique mais aussi d'une grenade à main et d'une notice d'origine anglaise pour l'emploi de l'explosif. Torturé, Raymond Hervé, aurait révélé le nom d'un de ses compagnons, Eugène Le Bris, de Concarneau. Il indiquait que l'autre s'appelait Raymond Douarinmais dès le lendemain Douarinétait identifié comme étant en réalité Jean-Louis Primas. L'arrestation d'Hervéétait ainsi le point de départ d'une cinquantaine d'arrestations dans le Sud-Finistère où le parti communiste et son « Organisation spéciale » étaient démantelés. Édouard Hervé, son frère, du groupe d'action de Rennes était également arrêté, il aurait avoué être l'auteur du sabotage de Tréauray et aurait donné le nom deLéon Jaffré.
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A Rennes,
Jean Papeauapprenait ces arrestations et demandait à Léon Jaffréde s’éloigner. Sur ses instructions, Jaffré arrêtait à quelques kilomètres d'Auray le train qu'il conduisait et descendait de la locomotive. Son camaradeGuillaume Péron prenait sa place, tandis que Léon Jaffréallait se réfugier à Vierzon. Mais là-bas, Léon Jaffré aurait mal supporté d'être séparé de sa famille et des camarades l'encourageaient à retourner chez lui pour éviter d'éventuelles représailles à sa femme et à son enfant. Peu après son arrivée à son domicile le dimanche 4 octobre, un gendarme français venait l'arrêter. Léon Jaffréétait fusillé à Saint-Jacques-dela-Lande,près de Rennes le 30 décembre 1942. Avec lui étaient exécutés vingt-quatre militants dont les dix-sept du groupe d'action de Rennes : à la suite d'un attentat contre Doriotvenu faire une conférence au théâtre municipal, la police avait réussi à les arrêter tous. Jean Papeau,qui avait organisé l'attentat, avait seul pu s'échapper et s'était enfui à Paris.
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La police continuait à rechercher
Jean-Louis Primas et Louis Le Bail qui s’étaient “repliés” dans le Nord-Finistère. Deux attentats, dont l'auteur était selon toute vraisemblance Jean-Louis Primas, étaient effectués à Lorient : le 8 décembre 1942au soir une bombe explosive détruisait la devanture de la maison de tolérance située 16 rue de Verdun et blessait trois pensionnaires ;le2janvier1943, une sentinelle allemande découvrait, place Clémenceau, devant le foyer de la marine allemande, une boîte contenant 1 kg 500 de dynamite reliée à un détonateur par un cordon bickford allumé. Du coup, le couvre-feu était une fois de plus avancé à 20 h et prolongé jusqu'à 6 h à partir du 5 janvier. Jean-Louis Primasétait arrêté le 20 janvier 1943 à Doulon, près de Nantes. Probablement dénoncé par un agent double, il était encerclé par neuf policiers et ne pouvait leur échapper. Le même jour son camaradeLouis Le Bail, dénoncé, lui aussi, par son ancien moniteur de boxe passé dans la police, était arrêté à Brest. Tous deux avaient multiplié attentats et sabotages pendant des mois. Ainsi Jean-Louis Primasfaisait l'objet de 57 inculpations dont 47 pour attaques à main armée. Condamnés à mort pour sabotages et vols à main armée, ils étaient fusillés au Mont Valérien, le7 septembre 1943ainsi que 17 autres patriotes du Finistère.
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Quand à
Raymond Hervé, il était fusillé, le 28 janvier 1943, à Nantes, avec Eugène Le Briset sept de leurs camarades.
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Récapitulatif établi par Katherine Le Port à partir des renseignements contenus dans l’
ouvrage de Roger Le Roux “ Le Morbihan en guerre “et dans les listes du Livre Mémorial de la Fondation de la Mémoire de la Déportation