Armel COUËDEL né le 17 octobre 1917 est décédé le 11 février 2018
Français Libre de la colonne Leclerc.
Année après année, les rangs des Français Libres se sont clairsemés. Beaucoup des anciens de la colonne Leclerc sont allés rejoindre leurs compagnons d’armes tombés pendant les combats de Libye, de Tunisie et de Normandie jusqu’à la libération de leur patrie. Aujourd’hui c’est Armel COUËDEL que nous accompagnons. Il va reposer dans le petit cimetière de l’Île-aux-moines, dans le golfe du Morbihan.
En juin 1940, lorsque le général de Gaulle lance son appel pour demander aux Français de continuer la lutte et de le rejoindre pour refuser la honte de la défaite, Armel Couëdel est militaire au cœur de l’Afrique.
Après sa formation à Lorient au 11° Régiment d’artillerie coloniale, il a été affecté au Cameroun. Au mois de juillet, avec plusieurs de ses amis qui refusent la capitulation, il s’engage dans la France Libre. Parmi ceux qui, comme lui, rejettent le régime de Vichy se trouve Raymond Dronne, l’ami fidèle qui, quatre ans plus tard, commandait le 1° détachement de la 2° D.B. qui entra dans Paris le 24 août 1944. Quatre années de durs combats, de souffrances enfin récompensées sous les acclamations de la foule parisienne.
Pour Armel Couëdel, c’est en Afrique, loin de sa famille, d’Anne sa fiancée qui l’attend à l’Île-aux-moines, que la lutte va commencer.
Il apprend sa condamnation à mort par les tribunaux de Vichy qui n’ont pas apprécié le ralliement de ce jeune sous-officier d’artillerie au général de Gaulle.
En août 1940, la conquête des territoires africains commence sous le commandement d’un jeune officier : Philippe de Hautecloque qui a rejoint de Gaulle à Londres, a été nommé chef de bataillon et a reçu pour mission de rallier l’Afrique équatoriale Française à la France Libre.
Armel Couëdel va découvrir en Leclerc le chef en qui il va placer toute sa confiance et pour lequel, toute sa vie il éprouvera la plus grande admiration, une vénération sans limites.
Dans la nuit du 26 au 27 août 1942, Leclerc qui vient d’être promu colonel, arrive au Cameroun et proclame le ralliement de l’Afrique équatoriale au général de Gaulle. Celui-ci arrive à Douala le 8 octobre et avec Leclerc, établit la stratégie pour envahir la Libye sous domination italienne. Les régiments de marche sont créés, la colonne Leclerc est née.
Armel Couëdel quitte le Cameroun pour le Tchad où d’autres unités arrivent du Congo, de l’Oubangui-Chari et du Gabon. 6000 hommes dont seulement 500 Européens se regroupent près de la frontière libyenne.
Armel Couëdel fait partie des unités qui occupent Faya Largeau au nord du Tchad. C’est de cette oasis que part la colonne qui attaque et qui s’empare de Koufra. L’objectif suivant est le Fezzan, une région grande comme la France. Leclerc choisit d’affaiblir les unités italiennes solidement installées en lançant des raids sur les garnisons ennemies.
Tactique particulièrement efficace mais éprouvante pour les hommes et le matériel. Armel Couëdel va connaître la vie dans le désert avec le vent violent et le sable qui vole et pénètre partout, les pistes où les camions chargés des canons de l’artillerie mobile s’enfoncent dans le sable ou sont bloqués par des blocs rocheux qu’il faut déplacer avec des barres de fer dans le Tibesti.
Il va connaître la soif dans la chaleur étouffante sans un arbre pour se protéger du soleil, le froid pendant les nuits glaciales où l’eau gèle dans les guerbas, mais aussi la joie de la victoire lorsque la garnison d’un fort italien se rend après le combat, livrant sa réserve de nourriture.
Dans la colonne Leclerc, l’amitié, la solidarité sont grandes parmi des combattants venus de tous les horizons. Pendant les périodes de repos dans les postes ennemis conquis, avec sa belle voix, l’adjudant Couëdel s’est forgé une réputation de brillant chanteur. Son répertoire de chansons étant limité, il va écrire les textes de plusieurs chants qui deviendront populaires au sein de la colonne Leclerc et permettront à de modestes oasis comme Largeau de devenir célèbres.
Quand du haut du Taïmanga,
Pour la première fois,
L’on me dit c’que tu vois
Eh bien, c’est Faya
Un soupir de soulagement en moi renaît,
Fini l’ensablement, enfin la palmeraie……..
Appuyés par les avions des Forces aériennes Françaises Libres, les hommes de Leclerc poursuivent leur marche victorieuse. Le Fezzan est conquis et le 25 janvier 1943, la route de Tripoli est ouverte. Après de rudes combats contre l’armée allemande, la progression se poursuit vers la Tunisie qui est libérée le 7 mai 1943.
C’est en Tunisie que la colonne Leclerc devient la Force L et combat avec les troupes anglaises. Après une période de repos, elle rejoint en octobre le Maroc où elle va devoir s’adapter à l’armement et au matériel américain qu’elle reçoit. Elle devient la célèbre 2ème DB qui embarque le 20 mai 1944 à Mers-el-Kébir sur deux navires : le « Franconia » et le « Cape town castle ». L’étape suivante sera l’Angleterre où ils arrivent 10 jours plus tard.
Le 1° août 1944, Armel Couëdel débarque enfin sur le sol de France. Il n’oubliera jamais ce moment. Il aimait à dire : Nous étions tous bouleversés mais aucun d’entre nous n’a eu le temps d’embrasser le sol de la Patrie en mettant le pied sur la plage.
Le premier contact avec l’ennemi a lieu le 7 août dans la région de Mortain. Artilleur, Armel occupe un poste d’observateur. Il progresse avec la 1ère ligne et doit prendre position sur les points hauts pour diriger le tir de sa batterie d’obusiers de 105. La progression se poursuit vers le sud puis l’est : Château- Gontier, Sablé, Le Mans. Partout la population acclame ses libérateurs et leur offre du cidre et du calvados mais les combats se poursuivent, difficiles, meurtriers mais victorieux.
Le 23 août la 2ème DB reçoit l’ordre de marcher sur Paris. Ce sera une progression rapide au milieu d’une population enthousiaste. Le 24, les premiers éléments sous les ordres du capitaine Dronne, l’ami d’Armel Couëdel depuis le Cameroun, pénètrent dans la capitale.
Dans son discours de Koufra, Leclerc a fixé comme objectif à ses hommes d’hisser le drapeau bleu-blanc-rouge sur la cathédrale de Strasbourg. Armel ne partagera pas ce moment de bonheur avec ses compagnons. Il bénéficie d’une permission qu’il met immédiatement à profit pour rejoindre l’Île-aux-moines où l’attend sa fiancée.
Très marqué par son long et périlleux combat sous les ordres du général Leclerc, Armel gardera le contact avec ses compagnons de la colonne qui relia le Tchad à l’Alsace.
Sa maison de Vannes devint le lieu de rendez-vous des Français Libres et de leurs familles. Pendant de nombreuses années il fut le Président de l’Amicale de la France Libre du Morbihan et c’est tout naturellement qu’il nous rejoignit à la Fondation de la France Libre. Géomètre-expert, son théodolite était là pour lui rappeler son T.S. d’artilleur.