Marguerite Caudan, un visage de la Résistance à Port-Louis

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Marguerite Caudan (à gauche), accompagnée des membres de l’association des anciens combattants, devant le Mémorial de Port-Louis qui a été vandalisé le 9 octobre dernier.

Alors que le Mémorial de la citadelle de Port-Louis a été profané le 9 octobre dernier, la résistante Marguerite Caudan (98 ans) s’est rendue sur place pour apporter son soutien.

« Ils se sont attaqués à un symbole. » C’est par ces mots que Marguerite Caudan, ancienne résistante qui fêtera bientôt ses 99 ans, a décrit la profanation infligée au Mémorial de la citadelle de Port-Louis. Lundi, elle était présente sur les lieux avec des membres de l’association des anciens combattants pour exprimer son émotion.

Née à Paris le 12 février 1920, Marguerite Caudan avait parmi ses camarades de classe des juifs échappés des pogroms d’Europe centrale, des Italiens qui avaient vu les violences du régime de Mussolini et des Allemands ayant fui le nazisme avec leurs parents. Sensible aux injustices qui frappaient ses nouveaux amis, elle découvre la fraternité sans frontières et prend rapidement conscience des méfaits du fascisme.

« Cette prise de conscience, favorisée par l’ouverture de mon milieu familial, m’a poussé à rejoindre les jeunesses communistes dès 1935. J’ai ensuite intégré l’Union des jeunes filles de France. » Des mouvements qui, à partir de l’été 1936, ont consacré l’essentiel de leurs activités à aider l’Espagne républicaine.

Une première arrestation

En 1939, le pacte de non-agression germano-soviétique servit de prétexte pour dissoudre le Parti communiste ainsi que d’autres organisations jugées trop « rouges ». « C’est sur la base de ce décret de dissolution que j’ai été arrêtée en avril 1940, raconte Marguerite Caudan. Je venais à peine de me marier. Mon appartenance à l’Union des jeunes filles de France était l’unique motif de mon arrestation. »

Elle est conduite à la prison de Fresnes, puis à celle de la Roquette. « En mai, on décide de nous incarcérer loin de Paris, se souvient-elle. On nous entasse alors dans des voitures cellulaires. Nous étions deux dans des petites cases d’environ 55 cm de hauteur. Nous avons été trimballés de prison en prison, jusqu’à atteindre le sinistre fort du Hâ, à Bordeaux. »

Une imprimerie clandestine

À cette époque, la Belle endormie porte décidément mal son surnom. « En ce début d’été 1940, il régnait une pagaille immense à Bordeaux. Grâce à cela, nous avons eu la chance d’être libérés assez rapidement, sans qu’aucun acte officiel ne soit réalisé. C’était un peu comme si on se débarrassait de nous parce que nous étions trop encombrants. »

De retour à Paris, Marguerite Caudan va retrouver un emploi qu’elle va pouvoir mettre au service de la résistance. « Fin août 1940, alors que je suis de nouveau installée dans le XIe arrondissement, mon mari démobilisé et moi recevons la visite d’Henriette Schmidt. C’était une des responsables nationales de l’Union des jeunes filles de France qui avait été mandatée par la direction clandestine du Parti communiste français. »

Au terme de cette rencontre, Henriette Schmidt leur confie la gestion d’une petite imprimerie, ce qui les pousse à emménager à Meudon. Le couple sort son premier tract en octobre 1940 pour la manifestation des lycéens et des étudiants, le 11 novembre 1940, à l’Arc de Triomphe. De nombreux autres suivront.

À l’été 1941, Henriette Schmidt leur confie une autre mission : cacher Fernand Grenier, un évadé de Châteaubriand, celui-là même qui aurait été le « 28e fusillé de Chateaubriand ». À cause de cela, Marguerite Caudan est de nouveau arrêtée en juin 1943. Après avoir subi un interrogatoire musclé, elle est de nouveau envoyée dans la prison de la Roquette. Elle n’en sortira qu’au début de l’insurrection parisienne, ce qui lui permettra de participer à la Libération de Paris.

Ouest france édition Lorient du 24 octobre 2018