Léon Jaffré

Notice sur Léon Jaffré fusillé à la Maltière le 30 décembre 1942

En 1941, Alain Le Lay, était désigné responsable régional du parti communiste pour le Morbihan et le Nord-Finistère. Instituteur il avait été révoqué en 1938, puis était devenu secrétaire juridique à la mairie de Concarneau.
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Son rôle était de retrouver la liaison avec des militants partout où le parti était organisé avant la guerre, c'est-à-dire à Lorient, Vannes, Pontivy, Auray, Lanester, Hennebont, Ploérmel, Lambel-Camors, Quiberon. Il était hébergé le plus souvent chez Guillaume Péron, cheminot à Auray, et à Berné chez l'instituteur Louis Larnicol, son cousin, qui y avait été déplacé en raison de son activité politique. Le 15 novembre 1941, Alain Le Lay était arrêté par un gendarme français à Landévant, il était conduit à Quimper où il était remis aux Allemands qui l’incarcéraient à Brest, à la prison du Bouguen. Il était transféré au camp de Compiègne d’où il était déporté dans le convoi parti de Compiègne le 6 juillet 1942,vers Auschwitz où il décédait le 4 octobre 1942.
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Les 18 et 28 janvier 1942, Jean Marca et Henri Conan, cheminots à Auray, militants communistes, étaient arrêtés suite à une dénonciation. Condamnés pour détention de tracts, ils étaient fusillés comme otages le 30 avril au Polygone de Vannes.
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En dépit de cette répression, Jean Papeau, responsable régional, décidait de poursuivre les actions de sabotage. Il organisait notamment le sabotage de la machine qui alimentait en eau le dépôt et la gare d'Auray. Dans la nuit du 27 au 28 août, deux militants, Édouard Hervé, originaire de Nantes, et Léon Jaffré, né le 26 juillet 1909 à Meslan ( 56), ajusteur à la SNCF et résidant route de Lorient à Auray, faisaient sauter la station de pompage de la S.N.C.F, à Tréauray, à trois kilomètres d'Auray. Les deux moteurs étaient détruits et le communiqué n° 8 des F.T.P.F. publié dans « France d'Abord » de septembre 1942 constatait à juste titre que « les locos vont désormais à Rennes pour l'eau».
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Dans la même période, Jean-Louis Primas, revenu à Lorient, et voulant venger ses camarades arrêtés en juillet, organisait dans la nuit du 9 au 10 septembre, trois attentats successivement, contre la permanence du francisme 11, place Alsace-Lorraine, contre celle de la Légion tricolore, 18 rue Maréchal Foch, et, contre le commissariat spécial, 3 rue de Verdun. L'immeuble des « Renseignements généraux » subissait des dommages particulièrement sérieux.
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Dans la nuit du 20 au 21 septembre, accompagné de Louis Le Bail, il faisait sauter le poste de sectionnement électrique de Belane en Lanester, près du pont du Bonhomme. Les villes de Port-Louis, et d’Hennebont et les forges de Lochrist étaient privées de courant pendant la matinée et une partie de l'après-midi du 21.
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Devant la multiplication des sabotages, le gouvernement de Vichy ordonnait des arrestations préventives. Une circulaire du secrétariat général de la Police est envoyée par télégramme le 24 septembre 1942 :
« Le Parti communiste a donné instructions pour recrudescence des attentats terroristes dans tous départements. Pour éviter que les autorités allemandes prennent des initiatives, mesures inévitablement sévères, et afin d'empêcher tous incidents et assurer maintien ordre, je vous donne délégation pour procéder immédiatement, dans des conditions habituelles, aux internements administratifs de tous les éléments communistes ou suspects de pouvoir participer à menées antinationales —Décisions internements doivent être nombreuses et réalisées au cours de la journée de jeudi. Prière de rendre compte télégraphiquement avant jeudi 20 h... »
Des arrestations préventives étaient effectuées mais celles-ci ne brisaient pas la déterminations des militants. Le samedi 26 septembre, à 17 h 30, Raymond Hervé, avec deux autres camarades s'emparaient de mille francs au bureau de poste de Lanester. Raymond Hervé, pris en chasse par la police, était rejoint à Lorient, place de la gare. Lors de son arrestation, il blessait un gardien de la paix d'un coup de feu. Il était porteur, non seulement d'un pistolet automatique mais aussi d'une grenade à main et d'une notice d'origine anglaise pour l'emploi de l'explosif. Torturé, Raymond Hervé, aurait révélé le nom d'un de ses compagnons, Eugène Le Bris, de Concarneau. L'arrestation de Raymond Hervé était ainsi le point de départ d'une cinquantaine d'arrestations dans le Sud-Finistère où le parti communiste et son « Organisation spéciale » étaient démantelés. Édouard Hervé, son frère, du groupe d'action de Rennes était également arrêté, il aurait avoué être l'auteur du sabotage de Tréauray et aurait donné le nom de Léon Jaffré.
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A Rennes, Jean Papeau apprenait ces arrestations et demandait à Léon Jaffré de s’éloigner. Sur ses instructions, à l’occasion d’un trajet, Jaffré arrêtait à quelques kilomètres d'Auray le train qu'il conduisait et descendait de la locomotive. Son camarade Guillaume Péron prenait sa place, tandis que Léon Jaffré allait se réfugier à Vierzon.
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Mais là-bas, Léon Jaffré aurait mal supporté d'être séparé de sa famille et des camarades l'encourageaient à retourner chez lui pour éviter d'éventuelles représailles à sa femme et à son enfant.
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Le dimanche 4 octobre 1942, peu après son arrivée à son domicile le un gendarme français venait l'arrêter. Léon Jaffré était fusillé à Saint-Jacques-dela-Lande, près de Rennes le 30 décembre 1942.

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