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 20180928 142031 GALLAIS

 

 

HENRIETTE DUBOIS (« NELLY »)

Notre Présidente nationale, Henriette Dubois, « Nelly » dans la Résistance, nous a quittés le 4 septembre dernier, à l'âge de 98 ans. Une délégation du Bureau national était présente à ses obsèques à Nice ; nous lui rendrons hommage dans le n° du Journal de La Résistance du 3ème trimestre 2018.

 

Fille d'Henri Lelièvre, un apprenti margeur dans une imprimerie parisienne, qui avait vécu le siège de Paris en 1870-1871 et la Commune, et qui ayant déserté le service militaire, avait vécu 15 ans en exil en Belgique avant d'être amnistié à la fin des années 1890, gardant ses opinions antimilitaristes, anticléricales, anticolonialistes, et de Germaine Dubois, de quarante ans sa cadette, avec laquelle il se mit en ménage en 1919, qui tint une épicerie et un bar-tabac à Villefranche-sur-Mer et qui sera adhérente, sous le Front populaire, à l'Union des femmes contre la misère et la guerre, Henriette Dubois - seule sa mère la reconnut - naquit le 3 août 1920 dans cette famille modeste, aux opinions progressistes. Son père décéda en 1937, sa mère en 1939.

Henriette, élève de l'école primaire supérieure Ségurane à Nice, titulaire du brevet commercial en 1936, devint dactylo dans une maison de pièces détachées d'automobiles, et cette même année, celle de la victoire du Front populaire, elle adhéra en juillet aux Jeunesses communistes, dont le congrès de 1936 décida la création d'une organisation spécifique de Jeunes filles progressistes s'élargissant au-delà des seules jeunes filles communistes, et dont les dirigeantes s'appelleront Danièle Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Jeannette Veermersch, Claudine Charnat, Henriette Schmitt, Rose Blanc ...

  • Henriette sera secrétaire du Foyer UJFF de Villefranche, elle deviendra secrétaire régionale - c'est-à dire des Alpes-Maritimes de l'UJFF, dont l'une des activités principales sera l'aide à l'Espagne Républicaine, aux enfants espagnols, le soutien aux combattants des Brigades internationales. En octobre 1937, elle adhéra au Parti communiste, travailla pour l'Association touristique populaire créée avec l'aide du député communiste Virgile Barel, devint secrétaire administrative de la fédération communiste et de son journal Le Cri des travailleurs, étant chargée un jour par semaine du secrétariat parlementaire de Barel. Après l'interdiction du Parti communiste en septembre 1939, elle participa à la publication clandestine du Cri des travailleurs.

Mariée en août 1940 à Nice avec Raoul Gastaud, secrétaire régional des Jeunesses communistes des Alpes-Maritimes de mai 1936 à la fin 1937, Henriette donna naissance à un fils, Michel. Arrêté fin 1940 et interné à Oraison puis à Saint-Sulpice-La-Point, Raoul Gastaud, libéré après 15 mois de détention, rejoignit les maquis FTP du Puy-de-Dôme dans l'été 1943, puis organisa les milices patriotiques dans les Bouches du-Rhône, prenant part à l'insurrection de Marseille en août 1944 sous le pseudonyme de « commandant Jacques ».

Réfugiée avec son fils chez sa belle-mère à Ascros, Henriette reprit contact avec les communistes niçois en janvier 1942. Après l'arrestation manquée et la fuite de son mari en mai 1943, elle quitta Nice en octobre 1943 pour rejoindre les FTPF à Lyon, où elle sera affectée comme agent de liaison auprès de « Mailly » (Boris Guimpel), commissaire aux opérations à l'État-major de la zone Sud, elle participa à des actions clandestines à Marseille et à Lyon sous le pseudonyme de « Nelly ».

Après la chute de l'État-major régional FTP en mai 1944, elle fut sous le pseudonyme de « Michèle » envoyée à Montpellier comme agent de liaison du capitaine Gomez. En août 1944, revenue à Lyon, Nelly sera mise à la disposition du nouvel état-major sous les ordres de Roger Roucaute, et participera aux actions du maquis de !'Azergues jusqu'à sa rentrée dans Lyon, le 3 septembre. Elle fut incorporée dans le premier régiment du Rhône, à la caserne de la Part-Dieu, au secrétariat de Raymond Périnetti (colonel Brun), le père de Martine Peters, Présidente de l'ANACR de l'Isère et vice-présidente nationale de l'ANACR.

Démobilisée en octobre 1944, Henriette (Nelly) entra à la Préfecture de Marseille comme secrétaire de Jérôme Ferruci, chef de cabinet du Commissaire de la République, Raymond Aubrac. Après-guerre, elle travailla en 1947-1948 à Paris au quotidien Ce Soir puis à Regards et fut membre du syndicat CGT du Livre.

Divorcée en 1947, Nelly vécut désormais avec Boris Guimpe!, ancien combattant des Brigades internationales dont il devint chef d'état-major de la 14èrne puis de la 35èrne Brigade, et qui, entré dans la Résistance dès 1940, fut nommé à l'hiver 1942-1943 responsable pour la zone sud du service de renseignement des FTP, le « Service B », ainsi qu'en octobre 1943 « Commissaire aux opérations » des FTP de zone sud. Après avoir participé en août-septembre 1944 aux combats pour la libération d'Oullins et de Lyon, il s'engagea dans la 1ère Armée française de de Lattre de Tassigny, dans les unités de reconnaissance du « 151ème Régiment d'infanterie » (le 15-1 ou « Colonne Fabien »). En avril 1945, après la traversée du Rhin, il fut grièvement blessé à la tête. Nelly et Boris Guimpel, décédé le 1 0 avril 1979, eurent ensemble deux filles, Annie et Nelly.

Après-guerre, Nelly poursuivit ses engagements syndicaux notamment à la CGT du commerce dans les grands magasins, politiques au sein du parti communiste, y joignant des engagements associatifs, tels le Conseil local des Parents d'élèves d'Epinay-sur-Seine, dont elle fut élue municipale. Retraitée en 1980, Henriette Dubois revint à Nice.

Elle anima pendant une dizaine d'années l'Amicale des anciens volontaires en Espagne républicaine, l'AVER des Alpes-Maritimes.

Et elle s'investit dans le travail de mémoire des combats et valeurs de la Résistance au sein de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, l'ANACR, dont elle devint la secrétaire administrative puis secrétaire générale départementale en 1986, le restant jusqu'à ses derniers instants. Membre fondateur de l'Association azuréenne des amis du Musée de la Résistance à Nice en 1987, elle en devint une dirigeante efficace aux côtés de Jean-Louis Panicacci, son travail de transmission de la mémoire en fit - par son vécu de Résistante - et les responsabilités qu'elle eut - une participante précieuse du Concours National de la Résistance et de la Déportation. Son intervention sur la participa ·on des Jeunes filles à la Résistance fut lors d'un stage national de formation de l'ANACR remarquée.

En 1996, elle devint membre du bureau national de l'ANACR, y rejoignant Roger Faure. Pendant vingt-deux ans, ses camarades du Bureau national, Résistants et Ami(e)s de la Résistance purent constater la pertinence de ses interventions, soucieuses de la rigueur historique, sa volonté de voir se poursuivre le combat contre le fascisme et le racisme, dont les résurgences contemporaines l'inquiétaient.

Et son souci de voir perdurer l'action de l'ANACR grâce aux Ami(e)s de la Résistance auxquels elle apporta son plein soutien, notamment quand des réticences se faisaient jour à leur confier des responsabilités, alors même que les rangs des Résistants s'éclaircissaient. Elle fut aussi d'un grand secours quand l'ANACR ayant à faire face à des difficultés internes, elle accepta en 2012 de devenir avec Louis Cortot, Cécile Roi-Tanguy et Pierre Martin, membre de la Présidence nationale de l'Association. Et en octobre 2017, sa venue au Congrès national de l'ANACR à Dax suscita une grande émotion chez tous les congressistes.

En poursuivant son combat à son exemple présent dans notre mémoire, nous lui resterons fidèles.

Henriette Dubois était Officier de la Légion d'Honneur.

 

 Lucienne-Nayet enfant cachée fille de deporté a auschwitz militante de la memoire ciblee par un ignoble site

 

lucienne nayet

Nous avons appris il y a deux jours que Lucienne Nayet, notre camarade du PCF pays de Morlaix, ancienne élue à Champigny-sur-Marne, présidente du musée de la Résistance Nationale, a été la victime d'ignobles attaques antisémites sur un site néo-nazi hébergé aux USA pour contourner la législation française sur les atteintes à l'humanité de caractère raciste et  antisémite, "democratieparticipative.biz", qui a un sous-titre sarcastique d'une indécence morale éhontée quand on voit le contenu dégueulasse qu'abrite le cerveau de ses promoteurs et fidèles: "Le site de la paix et de l'amitié entre les peuples".

L'antiphrase et la contradiction comme loi de ces esprits dérangés. 

Cet "article" ignoble du site internet daté du 15 février dernier détourne une photo de presse de La Dépêche suite à une intervention scolaire dans le cadre du programme d'histoire de Lucienne Nayet dans un établissement scolaire du Béarn, le collège Jean Bouzet de Lourdes, en accolant une étoile jaune de sinistre mémoire, symbole de discrimination, d'inégalité, d'humiliation et pour finir de déportation et de mort, sur la photo de Lucienne Nayet, entourée d'élèves de 3ème. Le titre en dit long sur les intentions des auteurs: "Lourdes: la youpine fanatique Lucienne Nayet incite à la haine antiblanche dans une école". 

Il est assorti de commentaires à l'avenant:

"Cette vieille youpine fanatique est gorgée d'une haine sémitique écumante et génocidaire. Et son arme, comme toujours, est le mensonge pour porter la confusion dans les esprits de sa victime à son paroxysme. A charge, ensuite, pour les masses de nègres et de crouilles de faire ce qu'elles font naturellement: violer, voler, tuer, brutaliser". 

Le renversement des rôles de victimes et persécuteurs est un classique du discours de haine  génocidaire, comme l'animalisation de l'ennemi, ici la porteuse de la mémoire de la Shoah, qu'elle a vécu dans sa chair et son enfance, et d'idéaux antiracistes et humanistes. 

Suit un développement tout aussi stupide sur "ces curés amis de la juiverie qui ont pavé la voie de leur propre destruction en aidant les envoyés du Diable à s'infiltrer et établir leurs quartiers généraux en France" 

Ce tissu d'immondices qui montre que le ventre de la bête est encore fécond d'avortons nostalgiques de l'ère des monstres nazis s'accompagne de commentaires, de caricatures et de photo-montages antisémites d'une haine délirante et abjecte présentant Lucienne Nayet en "vermine juive", exaltant l'éradication des "indésirables" juifs, présentant une image de juif transperçant un hexagone aux couleurs tricolores avec une épée sur laquelle est gravé le mot "Islam" (???).

Il fait l'apologie, avec des photos de nazis en camp d'extermination légendées de manière cynique et cruelle, des crimes contre l'Humanité dont ont été victimes environ six millions de personnes d'origine juive en Europe et 75 000 en France, parmi lesquels le père de Lucienne, déporté car déclaré officiellement (c'est sur son acte de déportation signé par les autorités françaises) "en surnombre dans l'économie nationale", sous un article qui raconte l'histoire tragique de Lucienne, victime de la politique criminelle et antisémite de "l'Etat français" de Vichy et des Nazis, des crimes contre l'Humanité les plus méthodiquement et massifs jamais perpétrés. 

Plusieurs "contributeurs" d'extrême-droite semblent avoir participé à un concours d'immondices pour déverser leur bêtise crasse digne des plus grands ratés que la société peut produire à la suite de l'article sur le site. 

Il est question évidemment de "gènes juifs", de "haine raciale contre les Blancs", de "sorcière", de joie à torturer des personnes d'origine juive... Les sous-entendus sont à la fois ceux de la glorification du génocide et du négationnisme qui en nie la réalité: ces salauds ne sont pas à un paradoxe près.  

Michel Lerman, le père de Lucienne, né en 1910, a été enfermé jeune, parce que juif, dans les ghettos en Ukraine, il s'est enfui vers 1930 en Pologne où régnait déjà l'antisémitisme. Il s'est alors enfui en France, qu'ils voyaient comme la patrie des Droits de l'Homme, avec la maman de Lucienne, polonaise d'origine juive. Il a été arrêté sur dénonciation et sur ordre des autorités françaises, le 15 mai 1941, alors que son épouse était enceinte de Lucienne, lors de la rafle dite "du billet vert", puis interné à Drancy, à Beaune-la-Rolande et à Pithiviers, avant d'être envoyé à Auschwitz et d'y partir en fumée. Née le 4 août 1941, Lucienne à l'hôpital Rotschild, Lucienne a pu être cachée grâce à un réseau de Résistance dans un petit village vendéen à Pouzauges chez un prêtre, et elle vivra cachée pendant quatre ans dans une pièce minuscule tandis que sa sœur sera cachée dans une ferme. La plupart de ses oncles, tantes, grands-parents, cousins, ont été victimes de la politique antisémite des nazis et de leurs alliés et du génocide. A leur retour à Paris, la mère et ses deux filles découvriront que leur ancien logement est occupé par d'autres personnes. Sa mère refera sa vie avec un rescapé d'Auschwitz. 

A la mort de sa mère, qui se taisait sur cette période trop sombre et douloureuse, en 1988, Lucienne a entrepris des recherches pour retrouver l'histoire de sa famille. Chez elle, pas de rancœur ni de haine, mais au contraire une volonté de parler à l'intelligence, au sens de la liberté et de la dignité des hommes et des jeunes pour qu'ils ne cèdent pas aux facilités du racisme, pour qu'ils soient capables de lutter contre les injustices et les atteintes à la dignité humaine de leur temps et de se battre pour un monde habitable fait de liberté, de solidarité, de paix.   

Depuis plusieurs années, retirée de ses fonctions d'adjointe à Champigny-sur-Marne, Lucienne Nayet anime dans un grand esprit de rassemblement le réseau du Musée de la Résistance Nationale, soucieuse d'agréger toutes les énergies, par delà les différences de sensibilités, pour cette oeuvre politique et éthique de mémoire collective basée sur la connaissance historique, et participe avec des rencontres avec les scolaires avec toujours le souci d'échanger avec les jeunes, et de leur parler comme à des grands qui doivent connaître l'histoire pour bâtir leur conscience critique et leur citoyenneté. 

Elle est devenue amie avec de nombreux résistants et anciens déportés, enfants de résistants et déportés, et veille à maintenir la flamme des idéaux humanistes et de progrès de la résistance.  

Nous sommes bien placés pour connaître son sens de l'humanité, sa hauteur morale et intellectuelle, son rationalisme, son universalisme, son républicanisme, sa volonté de refuser toutes les assignations identitaires, nationalistes, tous les raccourcis réducteurs, et de mettre au premier plan: l'intérêt de l'Humain et l'intérêt général. 

La section du pays de Morlaix du PCF et la fédération du Finistère du PCF témoignent à Lucienne de toute notre amitié, de toute notre estime et de notre admiration pour son travail de transmission et de mémoire de ce type de sites néo-nazis appelant à la haine raciale et à la violence qui rappellent aussi ce qu'a pu produire Boris Le Lay avec son site raciste "Breiz Atao". 

Nous ne surestimons pas ce que représentent aujourd'hui ces pauvres types aveuglés de haine raciste et antisémite, heureusement largement minoritaires, mais nous ne sous-estimons pas non plus les blessures qu'ils peuvent causer, le danger qu'ils peuvent représenter avec des idées aussi haineuses, ni ne méconnaissons le terreau xénophobe et de désarroi politique et moral qui peut les faire prospérer chez nous, où l'extrême-droite est arrivée au second tour des élections présidentielles pour la deuxième fois en seize ans, comme dans bien d'autres pays d'Europe et du monde.  

Nous demandons aux autorités de la République de tout mettre en oeuvre pour retrouver et condamner les auteurs de ces propos racistes, négationnistes, faisant l'apologie de la persécution des juifs, reconnus comme criminels depuis la loi Gayssot de 1990, et pour faire fermer le site "democratie.biz".      

Nous allons saisir par courrier la préfecture du Finistère en ce sens et lui demander une audience

Pour le Parti Communiste Français, section de Morlaix et Fédération du Finistère

Ismaël Dupont, 21 février 2018