LE 25 JUIN 1943 DEPORTATION VERS LE K.L BUCHENWALD
Le convoi parti de Compiègne le 25 juin 1943 vers le K.L de BUCHENWALD comprenait deux Morbihannais. Cyprien Le Cloirec né le 19 décembre 1910 au village du Longe en Pont-Scorff fils de Pierre Cloirec et de Marie-Anne Le Guennec. Cyprien Le Cloirec décédait en déportation le 28 décembre 1943 à BUCHENWALD.
Les circonstances de son arrestation
Le 24 décembre 1941, éclate dans un café aux Cinq chemins de Guidel, une bagarre au cours de laquelle Cyprien Le Cloirec de Pont-Scorff, coupe, dit-on l'oreille d'un allemend. Un an plus tard, un jour pour jour, dans le même café où il est venu passer un moment avec le boulanger Kerhervé, il est reconnu ou dénoncé et tous les deux sont arrêtés...
Joseph Kerhervé né le le 15 mai 1906 à Guidel, décédera en déportation le 23 janvier 1944.
Cyprien Le Cloirec
Matricule au K.L BUCHENWALD : 14519
Le parcours de sa déportation: BUNCHENWALD → KARLSHAGEN → BUCHENWALD → DORA
"MORT pour la FRANCE" avec mention "Mort en Déportation" par arrêté du 1er décembre 2014 paru au Journal Officiel le 6 janvier 2015.
Joseph Kerhervé
Matricule au K.L BUCHENWALD : 14344
Le parcours de sa déportation : BUCHENWALD → KARLSHAGEN → DORA → LUBIN-MAJDANECK
"MORT pour la FRANCE"
CATEGORIE | NOMBRE | % |
HOMMES | 999 | 100% |
FEMMES | 0 | 0% |
TOTAL | 999 | 100% |
SITUATIONS | ||
DECEDES | 330 | 33.03% |
RENTRES DE DEPORTATION | 446 | 44.64% |
DISPARUS EN DEPORTATION | 71 | 7.11% |
EVADES DURANT LE TRANSPORT OU EN DEPORTATION | 36 | 3.6% |
SITUATIONS NON CONNUES | 115 | 11.51% |
LIBERESPAR LES AUTORITES ALLEMANDES | 1 | 0.1% |
NATIONALITES | ||
FRANCAISE | 864 | 86.49% |
AUTRES | 135 | 13.51% |
Transports partis de Paris en octobre 1943 vers des prisons du Reich
Au cours de ce mois d’octobre 105 hommes et 26 femmes condamnés par des Tribunaux militaires allemands en zone occupée, notamment à Quimper, certains pour des délits de droit commun, le plus souvent pour des actes isolés d’opposition à l’occupant et quelques uns pour appartenance à des réseaux tels que Saint Jacques , Résistance Fer et quelques FTP, étaient déportés vers des prisons du Reich . 12 seraient libérés au terme de leur peine de détention, au moins 17 d’entre eux décéderaient dans une prison ou un camp nazi .
Revenaient de déportation:
Pierre Guillaume, né le 15 septembre 1910 à Malestroit . Déporté le 25 octobre 1943 vers la prison de Karlsruhe , il était transféré dans une prison proche de Francfort où il était libéré à une date non déterminée.
Emmanuel Le Lamer, né le 20 août 1889 à Belz . Déporté le 28 octobre 1943 vers la prison de Karlsruhe, il était transféré dans une prison de Sarrebruck où il était libéré à une date non déterminée. Selon Roger Le Roux dans « Le Morbihan en Guerre » Emmanuel avait été arrêté dans les circonstances suivantes : le 6 septembre 1943, le thonier « Saint-Guénen » revenait au port d'Etel avec trois aviateurs recueillis le 3 en mer. Environ 150 personnes, massées le quai avaient crié : « Hourra ! Vive les Anglais, A bas les Allemands » avant d’être dispersées par les douaniers allemands. Au moment où les aviateurs montaient dans un autocar, une fillette s'approchait pour remettre à l'un d'eux un paquet de gâteaux.
Un soldat, d'un geste de fureur, jetait les gâteaux sur la chaussée, ce qui provoquait une nouvelle manifestation d’opposition à l’occupant . Quatre jours plus tard, l’armée allemande organisait une opération d'intimidation. Le 10 septembre , à 6 h 15, 300 feldgendarmes et hommes de troupe cernaient Etel : tous les hommes de plus de 16 ans — environ 1 500 — étaient arrêtés et conduits au lieu dit « La Falaise » pour vérification d'identité. Tous étaient relâchés quatre heures plus tard . Toutefois, le 18 septembre, Emmanuel Le Lamer, demeurant alors à Belz, était arrêté pour avoir joué un rôle actif lors de la manifestation du 6 et condamné à la déportation.
Originaires de Bretagne, les déportés suivants mourraient en Allemagne :
Yvon Le Berre, né le 17.11.1911 à Plomelin (29), décédé le 10.04.1945: il avait 33 ans;
Joseph Berrou, né le 25.09.1919 à Plomeur (29), décédé le 26.03.1945: il avait 24 ans;
Transports partis de Paris en décembre 1943 et janvier 1944 vers des prisons du Reich, transports réservés aux membres du réseau Alliance
A partir de septembre 1943, le réseau de renseignements Alliance mis en place sur tout le territoire français par Georges Loustaneau-Lacau, Léon Faye et Marie-Madeleine Fourcade subissait des vagues d’arrestations qui conduisirent à la déportation, entre décembre 1943 et janvier 1944, de 114 hommes et de 14 femmes qui, pour la plupart, condamnés à mort par les tribunaux militaires allemands allaient presque tous être fusillés, ou assassinés sans être jugés au cours de l’année 1944, seuls 4 des membres du réseau sur les 14 qui, condamnés à des peines de travaux forcés, avaient été transférés dans des camps de concentration échappant à la mort.
Ainsi d’avril à août 1944, 53 membres du réseau condamnés à mort furent fusillés. Parmi eux étaient fusillés le 21 août 1944 à Heilbronn, après avoir été extraits de la prison de Schwäbisch-Hall sise près de Stuttgart:
Raymond Hermer, né le 29 décembre 1903 à Rennes (35): il avait 40 ans;
Yves Rigoine de Fougerolles, né le 6 juillet 1913 à la Trinité sur Mer (?): il avait 31 ans et Lucien Poulard, né le 2 décembre 1917 à Redon (?): il avait 26 ans .
Selon Roger Le Roux ( p 335 du « Morbihan en guerre ») les trois hommes appartenaient au sous réseau Chapelle organisé dans le courant de 1942 par Lucien Poulard alias « Mathurin » dans l’ensemble de la Bretagne. Le groupe de Rennes, dirigé par l'inspecteur Pierre Le Tullier, alias, « Daim» né en 1914, créait une première antenne dans la région d'Auray avec Rigoine de Fougerolles, courtier en huîtres et répartiteur de chaux, à la Trinité sur Mer. Ce dernier possédait une 5 CV Citroën ce qui lui permettait de recueillir des renseignements tout le long de la côte. La trahison d'un agent du réseau, provoquait une série d'arrestations, à partir du 16 septembre 1943: tout d’abord celle de Lucien Poulard à Paris en pleins Champs Elysées, puis celles de Pierre Le Tullier ( qui serait exécuté le 2 septembre 1944 à Natzweiller) et de Raymond Hermer, arrêtés à Rennes, et enfin celle de Yves Rigoine, arrêté le 30 octobre à La Trinité sur Mer.
A partir de septembre 1944, devant l’avance des Alliés vers le Rhin, les membres du réseau qui n’avaient pas été jugés allaient être exécutés , le plus souvent de nuit, après avoir été acheminés en camion dans un bois où ils étaient abattus d’une balle dans la nuque avant d’être jetés dans un trou ou dans une rivière.
Ces assassinats commencèrent le 23 novembre 1944 sur 8 hommes incarcérés à Kelh, parmi lesquels se trouvait Armand Troudet, né le 24 février 1903 à Lorient Il avait 41 ans.
Puis 12 autres détenus dans la prison de Rastatt subirent le même sort le 24 novembre 1944, parmi lesquels se trouvait Léon Mury , né le 21 novembre 1920 à St Malo ( 35): il avait 24 ans;
4 femmes furent exécutées le 27 novembre à Offenburg,
3 hommes le 28 novembre à Fribourg, 8 autres le 29 novembre à Bühl,
17 hommes et 8 femmes le 30 novembre à Pforzheim, parmi lesquels se trouvaient Alice Coudol née le 10 février 1923 à Brest (29) Elle avait 21 ans; Marie-Jeanne Le Bacquet, née le 4 août 1884 à Brest (29) Elle avait 60 ans; Marguerite Premel, née le 5 mai 1906 à Brest ( 29). Elle avait 38 ans;
les deux derniers hommes massacrés l’étant dans la nuit du 30 au 31 janvier 1945 au moment de l’évacuation de la prison de Sonnenburg, devant l’avance des troupes russes.
Récapitulatif établi par Katherine Le Port
à partir des renseignements contenus
dans les listes du Livre Mémorial de la Fondation de la Mémoire de la Déportation,
Si vous constatez des omissions ou des erreurs,
merci de nous en informer
Si vous disposez de documents, si vous souhaitez apporter un témoignage sur l’un ou l’autre des déportés, merci de nous les transmettre
à l'adresse mail suivante: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
ou à l’adresse ANACR 56
5 P Cité Allende
56100 LORIENT
Sur les différents sigles
K.L : Staatuche Konzentrationslager (K.L., sigle officiel; K.Z., sigle familier) : les camps de concentration d'État, organisés, après 1934, sur le modèle de DACHAU et gérés par un organisme qui sera dirigé par le S.S. Oswald POHL, à partir de 1942, étaient fournis en détenus par la Gestapo. Cette double dépendance de la Gestapo et d'une instance de la S.S. est la caractéristique officielle des K.L. stricto sensu . Chaque KL comprenait un camp central, des kommandos intérieurs constitués dans le camp, et des kommandos extérieurs souvent éloignés du camp .
N.N : les 7 et 12 décembre 1941 était promulgué une série de trois décrets dits décrets Keitel ( chef du Haut Commandement de la Wehrmacht) décrets dits Nacht und Nebel erlass, N.N. ne signifiant peut-être pas, à l'origine, Nuit et brouillard , expression qui serait reprise de l'opéra de Richard Wagner, l'Or du Rhin, mais Nomen Nescio, je ne sais pas son nom).
Par ces décrets était instituée une procédure judiciaire particulière destinée à terroriser les populations dans les pays occupés : les opposants à la force d'occupation nazie, considérés comme un danger pour la sécurité de l'armée allemande et comme des ennemis du Reich : saboteurs, communistes, responsables de réseaux,agents parachutés,comme toutes les personnes soupçonnées d'entretenir des contacts "avec l'ennemi", peuvent arrêtées par l'armée .
S'ils ne peuvent être traduits devant un tribunal militaire allemand, et jugés dans un délai de huit jours, la peine de mort devant être prononcée, ils doivent être transférés en Allemagne pour y subir leur jugement et disparaître sans
laisser de traces, "dans la nuit et le brouillard".
Transports partis de Paris en décembre 1943 vers des prisons du Reich
Au cours de ce mois de décembre au moins 65 hommes étaient transférés pour purger leur peine en Allemagne dans des trains de voyageurs, sous la garde de feldgendarmes directement de prisons françaises, notamment Nantes et Vannes, vers les prisons du Reich, dont plusieurs devenaient des lieux de travail forcé ou des annexes fournissant la main d’oeuvre détenue à des usines proches, afin de pourvoir aux exigences de main d’oeuvre nécessaire pour remplacer les ouvriers allemands mobilisés sur les différents fronts .
3 jeunes morbihannais, condamnés pour avoir peint des croix gammées et des croix de Lorraine sur les murs des maisons de collaborateurs, étaient ainsi extraits le 20 décembre 1943 de la prison de Vannes pour être incarcérés tout d’abord dans la prison de Karlsruhe:
Robert Le Guilchet, né le 2 février 1926 à Le Faouët. Transféré dans les prisons d’Anrath, puis dans celles de Dusseldorf où il était libéré le 17 avril 1945.
Léon Le Rouzic, né le 28 octobre 1922 à Le Faouët. Transféré à Bochum, dans la Ruhr où il était libéré le 6 avril 1945.
Pierre Ropers, né le 11 mai 1927 à Le Faouët. Transféré à Wolfenbüttel, prison à partir de laquelle les détenus étaient affectés à une fabrique de conserves, il était libéré le 23 avril 1945.