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CONVOI PARTI DE PARIS LE 28 MAI 1942
Il s’agit du premier transport de détenus “ Nacht und Nebel” au départ de la gare de l’Est à Paris . Il comprenait 30 hommes et 8 femmes. Ces dernières auraient été arrêtées soit pour détention d’armes, soit pour hébergement d’un soldat anglais.
Les hommes étaient dirigés vers le camp spécial de la SS à Hinzert, les femmes vers la prison de la ville de Trèves. 26 d’entre eux vont mourir ou disparaître dans les camps nazis.
Parmi les femmes se trouvait Anne RONSIN, née le 24.08.1898 à Vannes. Nous ignorons la date et les motifs de son arrestation. De la prison de Trèves, elle était transférée à la prison d’Aachen, ensuite à celle de Lubeck. Elle a transité par la prison de Cottbus lieu d’exécution des peines de travaux forcés pour les femmes NN avant d’être déportée au KL Ravensbrück : nous ignorons si elle est revenue de déportation.
CONVOI PARTI DE PARIS LE 6 AVRIL 1942
Chaque lundi du mois d’avril 1942, des départs de détenus extraits des prisons de la Santé, de Fresnes ou du Cherche Midi étaient embarqués dans un train de voyageurs, pour être conduits sous la garde de Feldgendarmes vers la prison de Karlsruhe.
Parmi les 6 détenus déportés ce 6 avril 1942, se trouvaient François ALLANO né le 23.01.1907 à Vannes et Joseph SEVENO, né le 04.08.1914 à Séné.
Arrêtés pour détention illégale d’arme, vraisemblablement un fusil de chasse, ils ont été tous les deux condamnés à 5 ans de travaux forcés.
De Karlsruhe, ils étaient transférés à la prison de Sarrebruck, puis à celle de Rheinbach et enfin à celle de Siegburg . Ils étaient libérés le 10.04. 1945.
LES CONVOIS vers les prisons du REICH partis en DECEMBRE 1941
Dans le cadre de l’Opération “ PORTO”
L’opération “Porto” désigne une série d’arrestations menées par l’Abwerh, service de contre- espionnage du Haut Commandement des Forces armées allemandes, arrestations effectuées entre juin 1941 et août 1942 particulièrement dans la zone Nord occupée, la plupart des arrestations étant toutefois opérées au cours du mois d’octobre 1941.
Cette opération s’inscrivait dans la politique répressive menée après le 22 juin 1941, jour de l’attaque contre l’Union soviétique.
Dans les pays occupés, étaient prises des mesures préventives contre les militants communistes mais aussi les juifs, au nom de la lutte contre le judéo-bolchevisme, lutte à laquelle s’associait le gouvernement de Vichy.
La répression visait aussi les groupes de résistants qui étaient en liaison avec Londres, et notamment les réseaux Hector et Saint-Jacques dans lesquels un agent double avait pu s’infiltrer.
Le réseau Hector a été créé par le colonel Groussard alias Gilbert qui s'était fait mettre en congé d'armistice par Vichy, et nommer inspecteur général de la Sûreté nationale. Au début de septembre 1940, se chargeant lui-même de la zone sud, il remettait des fonds à son ami le colonel Heurteaux afin de constituer un réseau en zone occupée.
Ce dernier recrutait le commandant René Grard, rentré en mai 1940 de Belgique où il dirigeait une tannerie à Zulte et devenu depuis peu directeur régional du « Centre des maisons d'accueil des anciens combattants ».
A Vannes, Grard était mis en relation en octobre, par son beau-frère Salomon Boisecq, avec le commandant Muller, qui à son tour, recrutait une dizaine d'hommes qui commençaient à recueillir des renseignements, permettant de communiquer les mouvements des troupes ennemies, leurs installations de l'ennemi, les mouvements des sous-marins, ces renseignements étant transmis par René Grard au S.R. « Air » de Vichy qui les communiquait à Londres.
Dès septembre 1941, les services secrets de l’armée allemande apprenaient par l’un de leurs agents infiltrés dans le réseau Hector que des membres envisageaient de commettre des attentats.
D’où la mise en place à partir du 9 octobre 1941 d’une opération coordonnée d’arrestations sur tout le territoire national ayant pour nom de code « Fall Porto ». 119 personnes étaient arrêtées. 42 étaient relâchées, aucune preuve n’ayant pu être réunies contre elles.
Dans cette même opération plusieurs membres du réseau Saint-Jacques créé par Maurice Duclos tombaient entre leurs mains.
Nous ignorons, pour la plupart des personnes dont les noms suivent, si elles appartenaient aux réseaux Hector et Saint Jacques.
Le 10 décembre 1941, les 102 premiers arrêtés de l’ opération « Porto » étaient déportés vers les prisons de Düsseldorf pour 45 d’entre eux, vers la prison d’ Essen, pour les 57 autres .
Le 15 décembre 1941, 89 prévenus étaient déportés à leur tour, 54 d’entre eux étaient incarcérés dans la prison de Wuppertal, les 35 autres dans celle de Hagen.
Le 19 décembre 1941, 36 prévenus étaient déportés dans les prisons de quatre villes différentes et éloignées des précédentes, 14 à Wiesbaden, 5 à Bad- Kreuznach, 14 à Augsburg et 3 à Regensburg.
Enfin, le 22 décembre 1941, 4 prévenus étaient déportés et incarcérés dans la prison de Nuremberg.
Sur les 212 hommes et les 19 femmes déportées vers les prisons du Reich au cours de ce mois de décembre 1941, 89 personnes bénéficieront de libération “anticipée” pour insuffisance de charges, notamment le 15 août 1942 et courant 1943, 33 personnes au moins ont été condamnées à mort et exécutées, à l’exception des femmes condamnées à mort déportées en KL.
Les autres condamnés étaient transférés vers les divers camps de concentration avec le statut NN. Dans ces différents convois se trouvaient au moins 16 personnes originaires de Bretagne Parmi ceux ayant bénéficié d’une libération anticipée se trouvaient
Jean BEAUFRERE, né le 25.12.1906 à Quimperlé (29) libéré le 16.12.1943, René DECKER, né 18.09.1889 à Vannes ( 56), libéré le 15.08.1942, Yves FLOCH, né 08.06.1899 à Rosnoen (29), libéré le 15.08.1942, Joseph LE BIANNIC, né 03.09.1899 à Tréguier(22), libéré le 15.08.1942, Paul LE FLEM, né 07.10.1908 à Pont Labbé (29), libéré le 15.08.1942, Guillaume LE GUERN, né 12.10.1912 à Pleumeur Gautier (22), libéré le 15.08.1942, Francis TROCHET, né 28.05.1904 à Mélesse (35), libéré le 15.08.1942,
Parmi les condamnés à mort, ont été exécutés à Munich le 21.09.1943 par décapitation aux heures suivantes selon le rapport d’exécution:
à 17 h 05 René GALLAIS, né le 16.03.1891 à Pleugeneuc (35): il avait 52 ans à 17 h 08, Raymond LOIZANCE, né le 16.10.1919 à St Hilaire (35): il avait 24 ans à 17 h 11, Marcel PITOIS, né le 12.03.1912 à ?: il avait 31 ans 17 h 14, Antoine PEREZ, né le 24.02.1911 à La Ferrière (35): il avait 32 ans à 17 h 16, Louis RICHER, né le 04.05.1923 à ,?: il avait 20 ans à 17 h 19, François LE BOSSE, né le 07.12.1901 à ?: il avait 42 ans à 17 h 21, Jules ROCHELLE, né le 24.05.1898 à Fougères (35): il avait 45 ans à 17 h 24, Jules FRÉMONT, né le 19.07.1891 à Broualan (35): il avait 52 ans
Selon les informations diffusées sur le site des Anciens Combattants d’Ille et Vilaine: memoire de guerre, dès la fin 1940, René Gallais, capitaine au long cours, gardien du château de Fougères où il demeurait avec sa femme Andrée, née le 08.09.1898, sa fille Huguette née le 07.11.1921 et son fils Gérald, organisait un groupe de patriotes avec des membres de sa famille et des amis tels Deschamps, la famille Huet, Raymond Loizance, Louis Richer, Antoine Perez, Le Bastard, Jules Frémont et François Le Bosse. Ces résistants aidaient des jeunes gens à passer en zone libre et en Angleterre, et faisaient parvenir à Londres, des renseignements sur les troupes allemandes et leurs déplacements.
En liaison avec l’Intelligence Service et le Bureau Central de Renseignements et d’Action à Londres, le groupe hébergeait aussi des agents et des parachutistes .
Compte tenu du développement du réseau, René Gallais et Jules Frémont étaient désignés pour diriger deux unités combattantes l’une sur Fougères, l’autre sur Saint-Brice en Coglés.
Mais des autonomistes bretons, agents de l’Abwehr s’étaient infiltrés dans le réseau et en dénonçaient les membres, dénonciation qui conduisait à l’arrestation, dans la nuit du 8 au 9 octobre 1941, de René Gallais, de sa femme Andrée, et de sa fille Huguette, et de plus de 50 membres du réseau, dont 14 restaient détenus à la prison d’Angers avant d’être transférés, pour les hommes à la prison de Fresnes, puis à celle d’Augsburg en Bavière, pour les 3 femmes Andrée et Huguette Gallais, et Louise PITOIS, née le 20.10.1904 à Fougères, à la prison de la Santé, puis à la prison de Kastell- Stadel. Après leur procés elles étaient transférées au camp de Ravensbrück, bloc 32 des NN, puis à Mauthausen
Andrée et Huguette GALLAIS revenaient de déportation, en revanche Louise PITOIS décédait à Bergen Belsen, le 10.05.1945, quelques jours avant son rapatriement, elle avait 41 ans.
Voici le récit donné par Huguette GALLAIS
-de l’interrogatoire subi dans les geôles de la Gestapo
"Nous avons été interrogés par la Gestapo en juin 1942. Ils m'ont frappée devant Frémont pour le faire parler, lui. C'était un père de famille de cinq enfants. Il habitait Saint-Brice, un bourg où j'avais accompagné un transport d'armes, et les Allemands voulaient en savoir davantage à ce sujet. Nous avions caché les fusils chez Armand Laize, mais celui-ci n'a pas été arrêté, pas plus que les autres membres de sa famille. Frémont et moi étions horriblement esquintés, cependant aucun de nous deux n'a parlé. J'ai été ramenée à la prison, je ne sais pas comment parce je me suis réveillée sur un bat-flanc, souffrant de partout. Celui qui m'avait interrogée était un nazi nommé Steinler.
Les interrogatoires terminés, maman et Mme Pitois étaient montées avec des droits communs allemandes. Comme maman était modéliste en haute couture, elle a été placée dans un atelier de couture au service des surveillantes, où elle cousait des punaises dans les ourlets des robes pour casser le moral des Allemandes qui emportaient cette vermine dans leurs maisons."
- du déroulement du procès, le 23 février 1943 dans la salle des Assises du Tribunal Régional, à Alten Einlass
"Lors du procès, nous avons enfin pu échanger quelques mots furtifs avec papa et les autres hommes, que nous n'avions pas vus depuis notre arrestation.
Nous n'étions plus que douze accusés. Joseph Brindeau ( né le 14.04.1919), tuberculeux, était décédé [ le 30.03.1942, il avait 23 ans] à la prison d’Augsburg et Théophile Jagu ( né le 14.02.1900 à Maure(64), un gendarme qui nous renseignait, avait été libéré et renvoyé à la brigade de Fougères, faute d'éléments contre lui.
Nous avions soutenu jusqu'au bout que nous ne le connaissions pas. Seulement, rentré en Bretagne, les autres familles de déportés ont cru qu'il nous avait dénoncés. Il a été bien soulagé de voir maman et moi revenir vivantes pour démentir.
Quel dommage que le procès n'ait pas été filmé ! Toutes les armes étaient là : Terre, Mer, Air. Ils nous avaient commis quatre avocats d'office.
Parmi eux, un antinazi, le docteur Reiseirt, qui, lui, a vraiment plaidé. Sa plaidoirie disait, en substance, que papa avait fait la guerre 14-18, tout comme lui, et peut-être s'étaient-ils trouvés face à face dans les tranchées mais chacun défendait son pays et faisait son devoir.
Nous fumes tous les douze condamnés à mort, mais les trois femmes furent envoyées en camp de concentration ainsi que Marcel Le Bastard, [né le 18.10.1922 à Gennevillliers 72) . Marcel était étudiant à Rennes, où il avait déjà été arrêté, et le dossier le présentait comme un hurluberlu, incapable d'appartenir à un réseau d'envergure. [ sa peine est commuée en travaux forcés, il est transféré à Sonnenburg puis à Sachsenhausen et enfin à Heinkel où selon les indications mentionnées dans le Livre Mémorial de la Déportation, il décèderait le 13.02.1945 NDLR.],
Le docteur Reiseirt a obtenu d'un gardien que les hommes restent ensemble jusqu'à leur exécution. Ils ont veillé, ils ont prié. Ils ont reçu la communion."
Parmi les condamnés aux travaux forcés, Louis FLOCH, né 27.12.1883 à Brest, est décédé le 13.02.1945 au KL Dora, après avoir été incarcéré dans les prisons de Wuppertal, et de Düsseldorf, puis transféré au KL Gross -Rosen : il avait 61 ans.
CONVOI N ° 11 PARTI DE DRANCY LE 27 JUILLET 1942 vers AUSCHWITZ
Ce convoi comprenait 1000 personnes: seules 12 ont survécu. Sarah WEINTRAUB, née le 26 avril 1903 en Pologne, résidait à Lorient en octobre 1940.
Nous ignorons où et quand elle a été été arrêtée. Elle avait 39 ans. CONVOIS PARTIS notamment DE PARIS EN AOUT 1942
De nombreux départs de civils condamnés par des tribunaux allemands siégeant en France le plus souvent pour détention d’arme de chasse,étaient organisés vers l’Allemagne au cours de ce mois d’août, étant précisé que ces convois ne contiennent que peu de détenus NN.
Au total, 158 hommes et 14 femmes seront déportés dont 75 décéderont dans les camps, 11 seront libérés par les autorités allemandes courant 1943, 1944.
Parmi eux,
Bertrand FRECHE né le 15.11.1923 à Landerneau, décédé le 14.07.1944 à Hanovre : il avait 21 ans; Henri JEAN né le 01.04.1902 à Lorient, décédé le 15.08.1944 à Sonnenburg : il avait 42 ans; Charles LE BRET né le 17.01.1906 à St Brieuc, décédé le 21.06.1944 à Brieg: il avait 38 ans François QUERRE né le 11.02.1920 à Laroche en Santec (29), décédé le 11.11.1944 à Sonnenburg : il avait 24 ans;
Dans les convois partis les 3, 4, 5, 8, 17, 30 et 22 août se trouvaient notamment:
Joseph ABASQ né le 21.05.1921 à Guipavas ( 29) Louis BOISBINEUF né le 09.05.1922 à Fleurigné ( 35) Jean BURLOT né le 22.06.1901 à St Brieuc ( 22) Aimé CLEMENT né le 22.05.1898 à Belle Ile en mer ( 56) Georges FOURCHON, né 27.05.1898 à Trébry ( 22) Louis BOISBINEUF né le 09.05.1922 à Fleurigné ( 35) Albert JEHANNO, né le 15.12.1923 à Réguiny ( 56) Pierre LE CORVEC né le 21.01.1921 à Belz ( 56)
Louis LESQUERE, né le 08.12.1890 à Guidel ( 56) Yves LACUT, né 17.04.1901 à Landerneau ( 29) Jean MEUDEC, né le 21.01.1915 à Questemberg ( 56) Marcel MOISIARD, né le 14.07.1902 à Mohon ( 56) et une femme Lucie Martinière née le 27.01.1903 à Brest ( 29) libérée de la prison de Wanfried le 06.04.1945.
Ils ont été incarcérés dans diverses prisons dont celles de Karlsruhe, Freibourg, Augsbourg et enfin transférés dans celle de Landsberg ou de Wolfenbuttel d’où ils ont été libérés courant mai 1945.
Albert Jehanno, commis boucher, et André Olivier, mécanicien, ( non porté sur les listes du livre mémorial de la déportation) étaient partis de Réguiny, le 25 mars 1941 dans l'espoir de gagner l'Angleterre en passant par l'Espagne. Avec l'aide d'un passeur non identifié, ils franchissaient la frontière du côté de Ciboure le 28 mars. Au moment où, quelques kilomètres plus loin, près de Vera, ils abordaient une route dans un virage, ils étaient interpellés par un carabinier armé qui leur demandaient de le suivre à un poste de police situé à trois ou quatre cents mètres delà. Là ils étaient remis à deux feldgendarmes allemands.
Condamnés à mort le 16 avril 1941, ils voyaient leur peine commuée en 10 ans de prison pour Olivier et 8 ans pour Jehanno, alors âgé de 17 ans . Ils sont tous les deux revenus de déportation.
Pierre Le Corvec , arrêté pour avoir frappé un feldgendarme le 5 janvier 1941, et condamné à 5 ans de travaux forcés, était, lui, transféré au Kommando d’Augsburg, puis à son annexe de Neuoffingen.
Selon ce qu’il a expliqué à sa famille, les déportés travaillaient à la réfection des voies ferrées à la gare de Gundelfingen. Il aurait bénéficié, comme ses camarades de détresse, de la générosité exceptionnelle d’Anna Stadler,femme allemande âgée de 49ans, qui déposait des morceaux de pain,du saucisson , voire des cigarettes contre les rails, ainsi que l’a décrit Louis DUTOT dans son livre “ du pain entre les rails” .