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                                    JARNO Joseph Rue du château Pluvigner                                                       Morbihan

Très chers parents

Cette lettre vous causera certainement un grand chagrin mais j'espère que vous serez aussi courageux que moi, surtout maman ne t'en fait pas pour moi. Je suis condamné à la mort depuis le 5 avril et dois mourir dans quelques heures. Adieu mes parents bien aimés. Depuis mon arrivée de Turquie je n'ai pas vécu longtemps auprès de vous mais vous avez dû vous douter depuis mon arrestation que je serais fusillé, et je vous demande encore une fois mes parents bien aimé de ne pas vous faire de la bile pour moi, car je ne crains pas la mort, je suis fier de mourir pour ma patrie, soyez aussi fier de votre fils ; je ne meurs pas tout seul mais avec mes deux camarades qui sont comme moi.
Chère mère et sœur que de peine je vous fais mais pardonnez-moi car tout est fini pour moi. Adieu chers parents je ne regrette qu'une chose de ne pas pouvoir vous embrasser une dernière fois avant de mourir j'ai souvent pensé à vous. Rose je t'ai vu qu'une fois depuis 5 ans. Chère sœur marie toi le plus tôt possible tu seras tranquille dans la vie tu auras un bel avenir devant toi; reste près de maman pour la consoler de toutes les peines que je lui ai fait. Chers parents je vais avoir une belle mort sans souffrance ou toutes mes misères depuis que je suis vivant seront effacées adieu je vous remercie beaucoup des bons colis que vous m'avez envoyés.
Depuis que je suis condamné à mort mes deux camarades et moi, nous chantons et nous chanterons jusqu'à la dernière minute. Prévenez mes camarades de Camors et Pluvigner qu'ils boivent et dégustent de bons coups à ma santé.

Vous ferez graver mon nom au monument de Camors car je meurs en « franc-tireur » et non en voyou ni en bandit.
Toujours adieu.
Celui qui ne vous a pas oublié

Vive la France

A été fusillé le 21 avril 1944 à 9 heures

Citation à l'ordre du corps d'armée n°297 (à titre posthume) le 20 janvier 1948.
Motif de la citation :
F.F.I. depuis longtemps dans la résistance. Arrêté par les allemands, a été fusillé au polygone de Vannes le 21 avril 1944.
A bien mérité de la patrie.
Vannes le 21 avril 1944