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Allocution de Mme le Maire de St Pierre Quiberon

 

Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour commémorer les tristes incidents qui se sont déroulés dans ce fort de Penthièvre, dans la commune de Saint-Pierre Quiberon. C'était il y a soixante-dix ans, presque jour pour jour, le 11 juillet 1944. Vingt-quatre jours seulement après le débarquement de Normandie que nous avons commémoré avec tant de personnalités étrangères et françaises.
La grande vertu des commémorations, paradoxalement, est d'offrir l'occasion d'échapper au temps.
Si nous regardons vers le passé, nous y découvrons les racines de notre présent. Pour mieux préparer l'avenir de nos enfants, nous devons surtout garder en mémoire les moments forts de notre histoire, qu'ils soient dignes ou douloureux, honorables ou méprisables. Pour la génération que nous représentons, et les générations futures, conserver à l'esprit les sacrifices de nos anciens, se souvenir des actes patriotes et courageux, telle doit être notre ligne de conduite.
Réunis aujourd'hui sur ce site mémorable du Fort de Penthièvre, qui a subi pendant toutes ces d'années une météorologie mouvementée et unique, c'est surtout le drame humain qui occupe nos esprits. Nous sommes éternellement reconnaissants à nos résistants dont le sacrifice a permis à tant de nos parents et arrières-grands parents de garder espoir. Ils ont frayé la voie au combat contre l'injustice, la guerre et la barbarie.
C'est leur courage, physique et moral qui, il y a 70 ans, empêcha à la France, et peut-être à l'Europe dans son ensemble, de sombrer dans la barbarie....
Cette leçon, nous nous devons de la méditer. L'oubli serait complice de récidive ; c'est pourquoi il est indispensable que nous rendions hommage, ici même et partout où ils ont agi, aux résistants tombés pour la France.

En évoquant ne serait-ce qu'un seul acte de courage individuel et de résistance, un exemple de force d'âme dans l'affrontement des pires horreurs que l'homme ait imposées à l'homme, nous rendons hommage aux résistants de la dernière guerre mondiale .
Le 11 juillet 1944, le chef de la Gestapo de Vannes fait remettre au colonel Reese, officier de carrière, l'ordre de faire fusiller cinquante résistants emprisonnés à Vannes, dont la majorité a été raflée dans une noce à Locminé. Il y a aussi des résistants de Plumelec, Quily, Vannes, Molac, Mohon, Pleucadeuc, Nantes, Carcassonne, Messac, La Chapelle Caro , Brest, Baden, Bubry, Saint Marcel, Languidic, Landévant et aussi Saint-Pierre Quiberon, ici même où nous nous trouvons.
Les prisonniers furent amenés au fort de Penthièvre. Ils furent torturés puis exécutés le 13 Juillet par des mercenaires russes de l'Armée VLASSOV, enrôlée par l'armée Allemande. Les corps sont abandonnés dans une fosse. Plusieurs résistants vivaient encore lorsque cette fosse fut murée. On découvrira ce charnier le 16 Mai 1945.
Une Saint-pierroise, Rosalie Buhé, qui habitait non loin du Fort de Penthièvre, était l'une des rares personnes à avoir le droit de pénétrer dans ce fort. Elle était chargée de faire la cuisine aux malheureux internés. Elle aurait raconté qu'une pièce était aménagée en chambre de torture où venaient régulièrement des hommes de la Gestapo de Vannes aux sinistres méthodes pour y interroger les prisonniers.
Les Saint-Pierrois, quant à eux, résistaient à leur manière face à l'occupant. Certains, comme Georges Poirier, de Kerhostin, ont témoigné dans leurs mémoires avec passion de cette période, et du courage de certains concitoyens. Mais à côté de cette résistance silencieuse se déroulait, dans un secret presque absolument, un drame humain dans ce fort de Penthièvre. Personne ou presque ne se doutait de ce qui se passait à l'intérieur de ces murs. En ce soixante-dixième anniversaire du massacre de Penthièvre, il est donc plus que jamais de notre devoir de rendre hommage à ces 59 résistants. Pour que cet épisode douloureux de la vie du Fort de Penthièvre ne se reproduise jamais.
Je vous remercie de votre attention.